Une donation d'une Américaine, Carolynn Rockafellow, a permis de fonder le Café Rits, jeu de mots sur le nom de ce camp situé à une heure au nord d'Athènes.
Le Rits pratique la "cuisine alternative", pour aider l'organisation du camp à améliorer la nourriture. A sa tête, le cuisinier quadragénaire prépare désormais les traditionnelles recettes: kebbeh, salade fattoush, riz maklouba ou muhammara, le caviar de poivrons grillés.
"Deux fois par semaine, je fais des plats qui n'ont rien à voir avec les repas pas assez cuits qu'on nous offre ici", affirme Talal, tout en surveillant d'un oeil la marmite de bouillon d'oignons à côté de lui.
Comme la majorité des camps grecs, qui sont des casernes désaffectées, Ritsona a recours aux restaurateurs de l'armée.
Les repas "ne couvrent que des besoins de base", en terme de valeur nutritionnelle, reconnaît un responsable du camp qui préfère garder l'anonymat. Près de 700 personnes, dont une moitié d'enfants, y résident dans des préfabriqués.
"Nous avons du mal à demander aux restaurateurs de différencier leurs menus, par exemple de nous envoyer du pain pita au lieu de pain blanc", souligne ce responsable. "Parfois 200 repas restent intacts car personne ne veut les manger", ajoute-t-il.
Madame Sherba
C'est le Café Rits qui tente de réparer cette lacune, une initiative pour "aider à la fois les Grecs -- qui ont la charge de gérer cette crise -- et les réfugiés", souligne Mme Rockafellow.
Ancienne employée de Crédit Suisse et originaire de New-York, elle s'est émue de la crise migratoire et a décidé de venir en Grèce il y a un an pour donner un coup de main.
"Je voulais trouver une façon d'encourager les réfugiés, de ramener leur culture à travers la nourriture", explique cette mère de deux enfants, qui avait travaillé comme chef bénévole aux Etats-Unis après les ouragans Katrina et Sandy, en 2005 et 2012.
Installé dans un vieux bâtiment du camp, 20 m2 seulement, Café Rits ressemble à un food-truck sans roues. Les murs sont couverts de vaisselle et de couverts.
Sur un long banc, au milieu de la pièce, Talal, assisté d'une dizaine de réfugiés bénévoles, prépare ses repas.
Les cuisinières à gaz sont à côté de l'entrée et l'eau est apportée dans des bassines car il n'y a pas d'eau courante.
"C'est important pour la communauté du camp que la viande soit +halal+, et heureusement le supermarché à côté m'en fournit", indique Carolynn Rockafellow, surnommée Madame Sharba ou Mrs Soup par les réfugiés.
En quête du sumac
Cinq fois par semaine, elle y fait ses provisions, trouvant de la cardamome, de la cannelle, du gingembre ou du paprika. Mais pour d'autres épices comme le sumac, elle doit se rendre à Athènes, à 60 km.
"Nous faisons aussi des fêtes. C'est important de rire, et de se rappeler que tout cela va passer", dit-elle. Elle souhaite en outre mettre son expérience à profit pour aider les réfugiés à trouver un travail quand ils auront réussi à quitter la Grèce.
Le budget hebdomadaire du Café Rits est de 3.000 à 5.000 euros.
"Une fois par semaine nous distribuons de la viande, deux ou trois fois des légumes", explique M. Rankoussi, qui travaillait autrefois au Bawabet Dimashq (La Porte de Damas ndlr), considéré comme le plus grand restaurant du monde par le Guinness Book des records, avec plus de 6.000 couverts.
Il a fui la Syrie, comme des centaines de milliers de ses compatriotes, et est arrivé en février en Grèce avec ses trois enfants après "une traversée infernale" sur le bras de quelques kilomètres de mer Egée qui sépare la Turquie des premières îles grecques.
Il a demandé l'asile dans divers pays européens, l'Allemagne, les Pays-Bas ou la France, sans succès jusqu'ici.
A présent, il déclare qu'il n'aurait "aucun problème" à travailler comme chef dans un restaurant grec: "c'est ça qui m'intéresse, c'est mon travail".
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