Interrogé lors de sa traditionnelle conférence de presse de fin d'année, le chef de l'Etat russe est revenu sur une année qui a consacré sa politique militaire en Syrie et ses paris politiques en Europe et aux Etats-Unis où l'influence russe n'a jamais été aussi forte depuis la chute de l'Union soviétique il y a très exactement 25 ans.
"Personne, à part nous", les Russes, n'a cru que Donald Trump pouvait être élu président, a lancé M. Poutine, tout en fustigeant les Démocrates de Barack Obama et d'Hillary Clinton pour leur manque de "dignité" dans la défaite.
La Russie, et Vladimir Poutine personnellement, ont été accusés par Washington d'avoir perturbé l'élection présidentielle à l'aide de piratages informatiques censés avoir favorisé la victoire de M. Trump, partisan d'une "normalisation" des relations avec Moscou.
"Le Parti démocrate n'a pas seulement perdu l'élection présidentielle, mais aussi le Sénat, où les républicains ont la majorité, et le Congrès, où les républicains ont la majorité. Est-ce à cause de quelque chose que nous, que moi, avons fait?", a ironisé le président russe.
"Ils perdent sur tous les fronts mais mettent leurs échecs sur le compte des autres, de facteurs externes. A mon avis, cela sape leur dignité. Il faut savoir perdre avec dignité", a estimé M. Poutine.
Décontracté, sûr de lui, le chef de l'Etat s'est permis un trait d'humour sur le statut de "maître du monde" que lui donnent certains commentateurs. A un journaliste américain qui l'interrogeait sur d'éventuelles élections présidentielles anticipées, Vladimir Poutine lui a répondu avec le sourire: "Dans quel pays?"
- Course aux armements -
Vladimir Poutine a également accusé l'administration américaine d'avoir mis leurs deux pays sur la voie d'une nouvelle course aux armements en se retirant du traité ABM sur la limitation des armes stratégiques en 2002.
"Lorsqu'une des parties se retire unilatéralement du traité et affirme qu'elle créera un parapluie anti-nucléaire pour soi-même, alors la deuxième partie doit soit créer le même parapluie ou bien créer des systèmes efficaces pour surpasser ce système de défense antimissile, ce que nous faisons avec succès", a indiqué M. Poutine. "Ce n'est pas nous qui avons lancé (ce processus). Nous avons été forcé à répondre à ce défi", a-t-il ajouté.
La veille, il avait ordonné le renforcement de la force de frappe nucléaire du pays, notamment afin de la rendre capable de percer tout bouclier antimissile. Dans la foulée, Donald Trump avait suivi en appelant à renforcer et accroître la capacité des États-Unis en matière d'armement nucléaire. M. Poutine a assuré vendredi ne voir "rien d'inhabituel" et "rien de nouveau" dans cette prise de position.
- Maître en Syrie -
Ces annonces pleines de détermination viennent au lendemain de l'annonce par l'armée syrienne de la reprise de la totalité de la ville d'Alep, la plus grande victoire pour le président Bachar al-Assad depuis le début de la guerre en 2011, un succès qui n'aurait pas été possible sans le soutien militaire décisif de la Russie.
Vladimir Poutine, qui s'est rendu maître du jeu en Syrie au point d'avoir réussi à écarter presque totalement Washington du processus de règlement du conflit, a appelé vendredi après sa conférence de presse son homologue syrien Bachar al-Assad, officiellement pour la première fois depuis mars, pour le féliciter de la "libération" d'Alep, "un pas très important" vers la paix.
"L'objectif est de se concentrer sur les questions concernant le règlement pacifique du conflit", a-t-il dit à M. Assad, selon le Kremlin.
Pour l'année à venir, le président a fixé un cap: la fin de la guerre et des négociations de paix entre Damas et l'opposition sous le parrainage de la Russie, de la Turquie et de l'Iran.
"Il faut tout faire pour que les combats cessent sur tout le territoire syrien. En tout cas, c'est ce que nous cherchons à obtenir", avait-il affirmé dans la matinée.
Signe que la Russie est désormais implantée pour longtemps en Syrie, M. Poutine a ordonné vendredi d'agrandir les installations portuaires militaires russes à Tartous, dans le nord-ouest du pays, censées devenir une base navale permanente.
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