Anis Amri, qui a fêté ses 24 ans le 22 décembre et dont l'attaque a été revendiquée par le groupe État islamique, a été abattu en Italie par la police vendredi après plus de trois jours de cavale.
Quand la révolution tunisienne éclate et renverse en janvier 2011 le dictateur Zine el-Abidine Ben Ali, Anis a tout juste 18 ans. Sous le coup d'une condamnation par contumace de quatre ans de prison pour vol et cambriolage, il profite du désordre ambiant, comme des milliers de ses compatriotes, pour prendre la mer en mars et rejoindre la petite île italienne de Lampedusa. Il ment alors sur son âge pour être considéré comme mineur non accompagné et est transféré en Sicile.
Outre sa condamnation, "Anis est aussi parti pour fuir la misère. Il n'avait aucun avenir en Tunisie et il voulait à tout prix améliorer la situation financière de notre famille qui vit en-dessous du seuil de pauvreté comme la majorité des habitants de Oueslatia" dans le centre de la Tunisie, raconte Abdelkader, son frère interrogé par l'AFP.
'Individu dangereux'
Mais en Italie, il bascule de nouveau dans la délinquance. Arrêté avec des amis pour avoir incendié une école, il écope de quatre ans de prison et loin d'être un détenu modèle, il ne bénéficie d'aucune remise de peine. C'est sans doute dans l'un des pénitenciers par lequel il est passé qu'il s'est radicalisé, selon la presse italienne, un phénomène classique en Europe.
A sa libération, la Tunisie refusant de le reprendre, l'Italie lui ordonne de quitter le territoire et il rejoint en juillet 2015 l'Allemagne qui est alors au début du pic de la crise migratoire et verra arriver près de 900.000 demandeurs d'asile fuyant la guerre et la misère.
Très rapidement, policiers et procureurs remarquent cet homme de 1,78 m et 75 kilos qui gravite autour de militants jihadistes notoires. Lui-même se retrouve classé "individu dangereux" par les services spécialisés de la région de Rhénanie du Nord-Westphalie (ouest).
Il est notamment en contact avec un ressortissant irakien de 32 ans, identifié comme Ahmad Abdulaziz Abdullah A. alias "Abou Walaa" et considéré par les autorités comme un prédicateur lié au groupe Etat islamique de la mosquée de Hildesheim, bastion pour les salafistes.
Ce dernier a été arrêté en novembre avec quatre complices pour avoir monté un réseau de recrutement pour le compte de l'EI, selon le parquet fédéral.
Le jeune Tunisien a aussi été observé par la police à plusieurs reprises, notamment le soir de l'attentat et quelques jours plus tôt, entrant et sortant d'une mosquée radicale du quartier de Alt-Moabit de Berlin, selon des médias.
Anis Amri a aussi été de mars à septembre l'objet d'une enquête confiée au parquet de Berlin pour "préparation d'un acte criminel grave représentant un danger pour l'Etat".
Concrètement, il était soupçonné de préparer un braquage pour acheter des "armes automatiques et probablement ensuite, avec l'aide de complices qu'il voulait trouver, de commettre un attentat". Les autorités savaient aussi qu'il disposait d'au moins une demi-douzaine d'identités et qu'il circulait librement avec elles en Allemagne.
Petit dealer et bagarreur
Malgré les filatures de la police, les investigations n'ont pas "pu confirmer les soupçons initiaux". L'affaire fut donc classée faute d'éléments suffisants et la surveillance de Anis Amri a cessé en septembre.
Selon le parquet de Berlin, rien ne permettait de croire après ces mois de surveillance constante qu'il préparait un attentat. Il considérait plutôt avoir à faire à un adepte de la bagarre et à un petit dealer du Görlitzer Park de Berlin, un espace vert connu des consommateurs de drogues cherchant à s'approvisionner.
Mais en novembre la Rhénanie recroise son chemin et le signale de nouveau au centre antiterroriste fédéral.
Peu après, il disparaît. Jusqu'au soir du 19 décembre lorsque, selon la police, au volant d'un camion polonais volé il fonce dans un marché de Noël du centre de Berlin, écrasant onze personnes et abattant le conducteur attitré du poids lourd.
Une partie de sa famille refuse de croire à cette dérive. "Il vivait comme tous les jeunes, il buvait (de l'alcool) (...) il ne faisait ni prière, ni rien du tout", dit Walid, un autre frère de cette famille nombreuse.
"On a jamais eu l'impression qu'il avait quelque chose d'anormal. Il nous contactait via Facebook et il était toujours souriant et joyeux!", a affirmé de son côté sa soeur Najoua à l'AFP.
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