L'ultimatum des évêques de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), a été lancé par son président, Mgr Marcel Utembi, à la reprise des pourparlers entre le pouvoir et l'opposition sous l'égide des prélats.
"Notre souhait est de clôturer avant Noël. Si les acteurs politiques et de la société civile n'arrivent pas à un compromis à cette échéance [...] la Cenco en tirera toutes les conséquences qui s'imposent", a averti Mgr Marcel Utembi, président de la Cenco.
Mardi, au dernier jour du mandat de M. Kabila, Kinshasa et plusieurs villes du pays ont été le théâtre d'affrontements meurtriers entre les forces de l'ordre et des jeunes hostiles à son maintien au pouvoir permis par le renvoi sine die de la présidentielle qui devait avoir lieu cette année.
L'Église catholique a joué un rôle majeur dans l'ouverture démocratique pendant les dernières années de la dictature de Mobutu, renversé en 1997 par Laurent-Désiré Kabila, père de l'actuel président. Elle jouit d'une audience sur les questions politiques qui dépasse largement le cercle de ses fidèles (environ 40% de la population).
Âgé de 45 ans, M. Kabila est au pouvoir depuis 2001 et la Constitution lui interdit de se représenter.
Les pourparlers sous l'égide de la Cenco ont commencé le 8 décembre en vue d'instaurer un régime de transition chargé d'organiser la présidentielle et d'éviter le scénario du pire : une nouvelle descente aux enfers du pays, ravagé entre 1996 et 2003 par deux guerres ayant fait au moins trois millions de morts. Les négociations avaient été suspendues le 17 décembre en l'absence d'avancée majeure.
'Tension latente'
Les discussions butent notamment sur l'avenir du chef de l'État, soupçonné par ses détracteurs de vouloir se maintenir éternellement au pouvoir et contre lequel l'opposant historique Étienne Tshisekedi a appelé la population a "résister pacifiquement".
A Paris, le gouvernement français a dit envisager de demander de nouvelles sanctions européennes "vis-à-vis de la RDC" si les choses n'avancent pas.
Selon la police nationale, les heurts de mardi entre manifestants, policiers et soldats ont fait 22 morts à Kinshasa, Lubumbashi (Sud-Est), Matadi et Boma (Ouest), villes pour lesquelles l'ONG Human Rights Watch parle d'un bilan total de 26 morts.
L'ONU a fait état pour sa part d'un "bilan provisoire" de 19 morts "confirmés", susceptible d'augmenter.
Déplorant "les pertes en vies humaines", le secrétaire général de l'ONU a appelé les autorités "à ouvrir des enquêtes sur ces violences et à garantir que leurs auteurs soient traduits en justice".
Ban Ki-Moon a appelé pouvoir et opposition à faire preuve de "retenue" et "à travailler de manière constructive" sous l'égide de la Cenco.
La situation dans le pays est restée tendue mercredi, où les restrictions à l'usage des réseaux sociaux en vigueur depuis dimanche soir ont été renforcées : les opérateurs internet ont reçu l'ordre de couper tous les réseaux sociaux.
A Kinshasa, les forces de l'ordre restent déployées massivement et la vie n'a repris que timidement : la circulation est restée très fluide et nombreuses boutiques sont restées fermées.
Dans le quartier Masina (sud), théâtre de violents heurts la veille, le calme est revenu "mais la tension est latente", a déclaré à l'AFP un responsable associatif: "Tout le monde a les yeux rivés sur les pourparlers. Les gens attendent le mot d'ordre de la Cenco."
A Lubumbashi, deuxième ville du pays et fief de l'opposant en exil Moïse Katumbi, le gouverneur de la province, Jean-Claude Kazembe a dû rebrousser chemin après avoir voulu se rendre à pied sur les lieux des affrontements de la veille.
Il a essuyé des jets de pierre et a été évacué par la police qui a tiré en l'air pour disperser les agresseurs.
A Goma (est), la Lutte pour le changement (Lucha), mouvement de jeunes indignés ayant lancé une campagne "Bye-Bye Kabila", a annoncé l'arrestation de 18 de ses militants ayant organisé un sit-in.
Un photographe de l'AFP a été interpellé par la police dans cette ville et retenu plus d'une heure. A Kinshasa, deux autres journalistes de l'Agence ont été retenus une heure dans un commissariat.
Un agent de la sécurité intérieure a expliqué que l'ordre avait été donné "d'empêcher que l'on dise du mal du pays" et que cela visait particulièrement "les médias occidentaux".
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