Un petit autocollant avec trois cloches s'est répandu depuis quelques mois sur les vitrines de cafés, restaurants, pharmacies, poissonneries parisiennes. Il y est écrit "Le carillon chacun pour tous". Dans les commerces où il est apposé, les personnes en difficulté savent qu'elles sont les bienvenues.
Depuis qu'il a découvert ce système, il y a quelques semaines, "JS" a pu "prendre des cafés, chercher des invendus. Mais le plus important c'est de parler, de dire bonjour et d'avoir une réponse".
Ce jour-là, il pousse la porte de la pâtisserie portugaise DonAntonia Pasteleria, près du canal Saint-Martin. Depuis trois mois, Virginie Gonçalves, co-gérante de la pâtisserie, a apposé le fameux autocollant sur sa vitrine et accueille "quelques visiteurs, de temps en temps".
"On peut ouvrir notre porte, offrir un café, ça ne nous coûte rien", commente avec simplicité Virginie Gonçalves, qui a tout de suite adhéré au concept.
Ce café, "il est bon, il est chaud surtout, ça réchauffe les mains", apprécie JS. "En plus je n'ai pas besoin de le demander, ça se fait naturellement", poursuit le sans domicile fixe. Un accueil qui tranche avec d'autres expériences malheureuses: "Je me suis fait rembarrer plusieurs fois par des commerçants horribles!", confie-t-il.
Bientôt en province
Le Carillon a vu le jour en novembre 2015 dans le XIème arrondissement. L'idée était de "recréer un réseau de fraternité et de bienveillance très localement", explique Guillaume Holsteyn, coordinateur de l'association. Les commerçants choisissent les services qu'ils souhaitent offrir et le créneau horaire qui leur convient et le Carillon les accompagne.
Sur les vitrines, des pictogrammes indiquent les services offerts (verre d'eau, accès internet, trousse à pharmacie, etc.). Des bons (pour une boisson chaude, un repas...) sont aussi distribués par les bénévoles ou les associations partenaires, ainsi qu'un livret regroupant les commerces participants.
"L'utilisation de services, ça change la vie. Dans le XIème où on a démarré il y avait par exemple sept toilettes publiques, là avec le réseau on est passé à 70", souligne Guillaume Holsteyn. "Mais l'idée fondatrice du Carillon c'est que ce soit surtout des prétextes au lien. Ce qui permet de se relever, ce qui donne de l'énergie, c'est un réseau d'amitié".
"Quand on est SDF, on ne bouge pas trop de notre périmètre. Là ça me pousse à aller voir d'autres personnes", confirme Miguel, 21 ans, sans toit depuis quelques semaines. Comme JS, il est devenu bénévole et parle du Carillon aux gens de la rue.
"Au départ, il y a un peu de timidité, un peu de réserve, d'appréhension et au fil des rencontres, on noue une vraie relation", témoigne Bassel Al Rifaï, gérant du restaurant At Homs et membre du réseau. Dans son restaurant libanais, il voit passer des gens "aux profils différents : des personnes qui travaillent mais qui galèrent un peu, des jeunes étudiants ou alors des migrants ou des sans-abris". Son souhait? "leur redonner de l'espoir, décrocher des sourires".
Aujourd'hui présent dans 10 arrondissements du centre et de l'est parisien, Le Carillon compte investir la rive gauche à partir de janvier et doubler son nombre de salariés (une vingtaine actuellement). A partir de mars, le système sera aussi installé à Lille, Nantes, Lyon et Marseille.
"Plus de 150 municipalités nous ont appelés pour mettre en place le réseau chez eux", affirme Guillaume Holsteyn. Le Carillon a déjà commencé à faire entendre sa petite mélodie à Seattle, São Paulo, Milan et Munich.
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