A l'exception du montant annoncé par un porte-parole du groupe à l'AFP, Uber n'a pas précisé les modalités concrètes de ce fonds, ni indiqué s'il allait augmenter ses tarifs ou diminuer sa commission comme le réclament les chauffeurs.
La réunion, entamée peu avant 14H30 a duré moins d'une heure, a constaté un journaliste de l'AFP.
"C'est un effet d'annonce, une tentative pour nous endormir et parvenir à leurs fins, c'est-à-dire ne rien donner", a estimé Jean-Claude Resnier de VTC de France, en quittant le secrétariat d'Etat aux Transports, où se tenait la réunion. "Ce n'est pas une entreprise américaine qui doit imposer un état de fait dans un état de droit", a-t-il ajouté.
"On a demandé une chose, ils ont refusé", a déploré un porte-parole de l'association Capa-VTC qui a appelé les chauffeurs à "se déconnecter d'Uber", à l'instar de la plupart des associations qui les représentent et participaient aux discussions.
Jean-Luc Albert (Actif-VTC) s'est déclaré "déçu par tout ce mépris", déplorant l'annonce d'un "fonds sans aucune explication, ni sur les modalités, ni sur les critères de répartition de ce fonds".
"S'ils veulent le bras de fer, ils vont l'avoir", a déclaré Fabien Tosolini (CFDT-Transports), appelant lui aussi les chauffeurs à se déconnecter d'Uber mais aussi de l'ensemble des plateformes internet de mise en relation des chauffeurs avec les clients.
"Uber doit quitter la France", a lancé un chauffeur, présent avec une quinzaine de ses homologues devant le secrétariat d'Etat.
Le secrétaire d'Etat aux Transports, Alain Vidalies, avait demandé lundi à la plateforme américaine, pionnière et très majoritaire sur le marché, de "geler temporairement l'augmentation de sa commission, récemment passée de 20 à 25%", pour apaiser les tensions et mener des négociations avec les chauffeurs sous l'égide d'un médiateur nommé par le gouvernement.
A l'exception du Cab, d'autres plateformes - Allocab, Chauffeur-privé, Marcel et Snapcar - réunies au sein de la Fédération française du transport de personnes sur réservation (FFTPR) n'étaient pas présentes pour ne "pas interférer dans les discussions qui opposent Uber (aux) chauffeurs", selon Yves Weisselberger, président de la FFTPR.
Les syndicats et associations de chauffeurs VTC (voiture de transport avec chauffeur) dénoncent des conditions de travail "indignes" avec un prix minimum de la course descendu à six euros (contre huit initialement, ndlr). Ils ont entamé la semaine dernière un mouvement social, émaillé de violences, et menacé d'appeler à une nouvelle mobilisation dès mercredi.
Proposition de loi
Alain Vidalies a proposé "que les parties s'engagent dans un cycle de discussions, sous l'égide d'un médiateur nommé par le gouvernement, sur quatre thématiques : la tarification; les conditions de déconnexion des plateformes pour les chauffeurs (qui peuvent se voir privés d'accès sans préavis, ndlr); la protection sociale; et les charges". Ces négociations devront se conclure d'ici le 31 janvier 2017.
Une proposition de loi du député socialiste Laurent Grandguillaume encadrant les plateformes VTC doit être définitivement adoptée cette semaine par le Parlement.
Dans le sillage de la loi Thévenoud de 2014, elle a été conçue comme une réponse aux mouvements sociaux déclenchés début 2016 par l'ensemble des conducteurs, taxis, VTC et Loti (transport collectif à la demande), professions différentes qui se disputent des clients identiques.
Le texte précise les obligations des plateformes et les sanctions encourues en cas d'infraction, et leur interdit d'imposer des clauses d'exclusivité aux chauffeurs. Il doit aussi permettre une meilleure visibilité du secteur via un recueil de données auprès de ses acteurs.
Il prévoit également la mise en place d'un tronc commun d'examen dans les chambres des métiers pour les taxis et VTC, ce qui permettra d'éviter des fraudes constatées, selon M. Grandguillaume.
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