"Je suis venu dire aux gens de venir vous voir!", lance Bruno Le Roux à une marchande de pains d'épices du plus vieux marché de Noël de France, dont les origines remontent à 1570.
Quelques semaines à peine après l'inauguration du marché de Noël par son prédécesseur Bernard Cazeneuve, le ministre vient marcher sur ses traces, pour rassurer les Français sur "un dispositif qui fonctionne bien".
"Le dispositif n'a pas à être renforcé. Ensuite, il convient tous les jours d'adapter ce dispositif à l'état des présences et des menaces", souligne-t-il dans les allées, entre poignées de mains avec les forces de l'ordre et dégustation de spécialités, ajoutant: "Il faut continuer à sortir, à s'amuser".
De nombreux commerçants se plaignent de l'atmosphère de "forteresse" qui règne dans la capitale alsacienne depuis trois semaines.
"C'est une catastrophe pour nous et pour la ville de Strasbourg qui n'arrive plus à avoir un côté festif !", se plaint un vendeur d'écharpes auprès du ministre, à qui il reproche d'associer par sa visite Berlin à Strasbourg.
Plusieurs centaines de policiers, CRS, gendarmes mobiles et militaires de la mission Sentinelle, épaulés par quelque 150 agents de sécurité, sont mobilisés depuis le 25 novembre.
La ville est ceinturée par quinze barrages qui filtrent les visiteurs et laissent entrer au compte-goutte les véhicules autorisés.
"Ça casse l'ambiance de Noël"
Tristes, des commerçants se désolent de l'attaque lundi soir sur le marché de Noël à Berlin, qui a fait au moins 12 morts et de nombreux blessés.
L'attentat a "plombé" l'ambiance, estime une vendeuse qui propose peluches et doudous colorés, sur le très couru "Christkindelsmärik" (marché de l'enfant Jésus). "Ça casse l'ambiance de Noël", dit-elle. "C'est un peu désolant (...) c'est triste", commente la jeune femme, emmitouflée dans une doudoune blanche.
Pour Kadi, qui vend boules et décorations de Noël, l'attentat en Allemagne va avoir un effet sur la fréquentation à Strasbourg. "D'habitude il y a quand même du monde à cette heure-ci, et là c'est vide", se désole l'homme de 35 ans devant son étal de boules de neige en verre.
Filtrage des accès au centre-ville, fouilles de sacs, présence policière et militaire accrue: Kadi se félicite toutefois des mesures prises. "Question sécurité, il y a tout ce qu'il faut."
Place de la cathédrale, sous un soleil froid, militaires et CRS arpentent les allées clairsemées au milieu de touristes qui attendent l'ouverture du marché. Devant la cathédrale, des agents de sécurité fouillent les sacs et inspectent les poussettes.
"Ce qui s'est passé à Berlin peut se produire partout, il faut s'y attendre", dit une Allemande, devant un stand de vins chauds et bretzels.
Venue avec un groupe d'écoliers d'Offenbourg (sud-ouest de l'Allemagne), la jeune femme explique que trois familles ont décidé dans la nuit d'annuler la participation de leur enfant au voyage de classe. Ici, la présence policière est "un peu oppressante, mais d'un autre côté, on se sent plus rassuré", dit-t-elle.
"Il faut bien continuer à vivre. On s'associe à la douleur de l'Allemagne comme elle s'est associé à la douleur de la France" après l'attentat de Nice, dit un anonyme venu en famille de Toulon. "La meilleure façon de résister, c'est de venir ici".
Le marché de Noël de Strasbourg fermera comme prévu, samedi 24 décembre au soir. En hommage aux victimes de Berlin, le maire PS de Strasbourg, Roland Ries, a décidé de mettre en berne jusqu'à mercredi les drapeaux français des édifices publics de la Ville.
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