Pour lutter contre "l'augmentation récente de la présence de rats", la municipalité a fermé ou va fermer plusieurs espaces verts pour y disséminer des appâts. Le parc du Champ-de-Mars, où se pressent d'habitude les touristes pour admirer la Dame de Fer, fait partie des lieux concernés.
"Il était temps!" se réjouit Fabiola, qui habite Paris depuis sa naissance. "J'ai 40 ans et je n'avais jamais vu de rats en plein jour. Avant, ils se cachaient mais là, on les voit se balader tranquillement en plein jour (...) et ça se voit qu'ils sont bien nourris".
Et pour cause, selon Georges Salines, chef du service santé de la mairie de Paris, les rats prolifèrent lorsqu'il y a "abondance de nourriture", "de l'eau et des endroits pour faire des terriers".
Outre le problème des déchets qui attirent les animaux, Georges Salines pointe du doigt "les nourrisseurs compulsifs" de pigeons. "Ils viennent avec des sacs entiers de pain pour le répandre sur la chaussée, ça a fait exploser la population de rats".
C'est la raison pour laquelle la mairie a décidé de fermer certains squares et jardins au public. "Il faut que les rats aient faim" pour manger les appâts, explique-t-il à l'AFP. "Si on les laisse ouverts, il y a trop de gens qui apportent de la nourriture".
Pour les détracteurs de la maire socialiste Anne Hidalgo, le nettoyage des rues est également à blâmer. Surnommant l'édile "Hidalchaos", l'essayiste de droite Serge Federbusch critique "la désorganisation complète et persistante des services du balayage". Pour lui, "l'apparition d'îlots de crasse a favorisé la prolifération des rongeurs".
Quelle qu'en soit la cause, la présence des rats pose un "problème sanitaire", selon la mairie. "Les gens ont peur d'attraper des maladies par les rats. Ca doit être vraiment relativisé. Lorsqu'on garde ses distances par rapport aux rats, on ne risque rien", tempère Georges Salines.
- 'Pas plus' de bactéries qu'un chat -
"Les rats n'ont pas plus de bactéries et de virus que nos chiens, chats et perroquets", assure de son côté Pierre Falgayrac, expert de la lutte contre les nuisibles.
Au-delà de l'aspect sanitaire, Georges Salines parle de "nuisance visuelle", susceptible de nuire à l'image de Paris.
"On ne doit pas se faire envahir par ces bestioles, c'est dégoûtant ", estime Amandine, 26 ans, écoeurée de croiser les rongeurs dans un jardin près de chez elle. "A Londres, les écureuils, c'est sympa et joli à voir. Un rat, ça n'a rien de sexy".
Pour d'autres au contraire, le petit animal mérite d'être défendu. Une pétition en ligne, qui n'hésite pas à évoquer un "génocide des rats" a recueilli près de 20.000 signatures. "On tue sans pitié tous ces malheureux", écrit Josette Benchetrit, une militante à l'initiative de ce texte.
Plus mesurée, Lise, une Danoise de 29 ans résidente à Paris, trouve tout de même "dommage que la nature et les gens ne puissent pas cohabiter". "C'est normal qu'il y ait des rats, il y a la Seine à côté, c'est la nature. La nature doit avoir sa place en ville", estime-t-elle.
L'expert Pierre Falgayracil déplore lui aussi un "terrible manque de culture de notre société" sur les rongeurs. Citant le dessin animé Ratatouille, où un rat devient chef d'un célèbre restaurant parisien, il note : "Dans les autres dessins animés, le rat est toujours présenté sous un jour négatif. Il faut que le rongeur soit réhabilité dans l'inconscient collectif".
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