La Syrie est devenue un "enfer" en 2016 avec 19 journalistes tués, suivie de l'Afghanistan (10 tués), du Mexique (9), de l'Irak (7) et du Yémen (5), selon l'ONG.
Neuf "journalistes-citoyens" (blogueurs) et huit collaborateurs des médias ont également été assassinés cette année.
"Cette baisse significative s'explique par le fait que de plus en plus de journalistes fuient les pays devenus trop dangereux : la Syrie, l'Irak, la Libye, mais encore le Yémen, l'Afghanistan, le Bangladesh ou le Burundi sont devenus en partie des trous noirs de l'information où l'impunité règne", explique l'ONG dans son rapport.
La quasi-totalité des journalistes ont été tués dans leur propre pays, sauf quatre, dont un Néerlandais et un Iranien tués par des tirs en Syrie, ajoute RSF.
Le nombre de journalistes incarcérés ou détenus dans le monde a cependant augmenté en 2016, une hausse notamment liée à la situation en Turquie où plus de 100 journalistes et collaborateurs de médias se trouvent aujourd'hui en prison, selon un bilan de RSF paru le 13 décembre.
Une violence plus délibérée
Près des trois quarts des tués cette année ont été sciemment visés en tant que journalistes, écrit RSF, pour qui "ces chiffres alarmants traduisent une violence de plus en plus délibérée" et "l'échec des initiatives internationales en faveur de la protection des journalistes".
Au moins 780 journalistes ont été tués ces dix dernières années en raison de leur profession, selon le décompte de l'ONG.
Cette année, les deux tiers des journalistes tués se trouvaient dans une zone de conflit, "une dynamique inversée par rapport à 2015 qui avait vu de nombreux journalistes tués en temps de paix, à l'image de l'attaque contre Charlie Hebdo à Paris", précise l'ONG.
Avec 19 victimes en 2016 contre 9 en 2015, la Syrie est devenue le pays le plus meurtrier au monde pour les journalistes. Parmi ces victimes, Osama Jumaa, photoreporter de 19 ans pour l'agence britannique Images Live, a été tué le 5 juin alors qu'il couvrait une opération de secours à la suite de bombardements dans un quartier résidentiel d'Alep.
Le Mexique demeure en 2016 le pays le plus meurtrier d'Amérique pour la profession. C'est aussi de loin le pays en paix le plus meurtrier pour les journalistes.
Le journaliste Pedro Tamayo Rosas y a été abattu le 10 juillet devant sa femme et ses enfants, alors même qu'il était placé sous la protection de l'État.
Au Yémen, où les rebelles Houthis qui ont pris le contrôle de la capitale ne tolèrent pas les critiques des journalistes, selon RSF, le journaliste freelance Almigdad Mojalli, 34 ans, a succombé à ses blessures le 17 janvier après avoir été touché par un raid aérien de la coalition arabe.
Parmi les 57 journalistes tués cette année, on compte cinq femmes, dont les Afghanes Mariam Ebrahimi, Mehri Azizi et Zainab Mirzaee, tuées en janvier à Kaboul dans un attentat-suicide.
Pour la première fois, le décompte du bilan 2016 établi par RSF, soit 74 journalistes tués, intègre à la fois les journalistes professionnels, les journalistes-citoyens et les collaborateurs de médias, jusqu'ici comptabilisés dans trois catégories distinctes.
Une coalition d'ONG et de médias avait lancé en avril un "appel solennel" pour la création d'un poste de "protecteur des journalistes" auprès des Nations unies, qui aurait le "poids politique, la capacité d'agir rapidement, et la légitimité de coordonner les efforts des Nations Unies pour la sécurité des journalistes".
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