"Vous pouvez tranquillement continuer à utiliser le billet de 100 bolivars pour vos achats et activités", a finalement déclaré le très impopulaire président socialiste lors d'une réunion gouvernementale, retransmise par la télévision.
Le billet de 100 bolivars vaut 0,15 dollar selon le taux de change officiel le plus élevé et permet, à l'heure actuelle, à peine d'acheter un bonbon. Il faut 500 bolivars pour avoir un hamburger.
Le pays pétrolier, dont les finances se sont effondrées avec la chute des cours du brut, est en pleine tourmente, cumulant une inflation vertigineuse de 475% en 2016, selon le FMI.
Dimanche dernier, Nicolas Maduro avait pris par surprise ces concitoyens en décrétant le retrait sous trois jours de ces billets, afin de lutter contre les "mafias internationales" pilotées selon lui par les Etats-Unis qui asphyxient l'économie vénézuélienne en accaparant ces billets.
Il espérait qu'à partir de jeudi de nouveaux billets, à la valeur 200 fois plus importante que les vieilles coupures, seraient en circulation. Mais son plan a échoué car les nouvelles coupures ont tardé à arriver dans les banques.
Quatre avions censés les alimenter devaient arriver de l'étranger mais ont été retardés par un sabotage international "de l'empire", a avancé le chef de l'Etat sans donner plus de détails.
'Je suis fatiguée'
De lundi à jeudi, les Vénézuéliens se sont précipités dans d'immenses files d'attente pour remettre aux banques leurs billets bientôt dépourvus de valeur.
"Je ne suis pas d'accord avec ça, j'ai dû faire tout ce chemin jusqu'à la BCV (Banque centrale du Venezuela) avec mes économies misérables pour pouvoir récupérer de l'argent pour manger. C'est de la folie, je suis fatiguée", a expliqué Bismary Rivero.
Cette femme au foyer de 39 ans a affirmé avoir parcouru 450 km depuis son village situé dans l'Etat de Monagas, à l'est du pays, jusqu'à Caracas pour échanger son argent.
Mais à partir de vendredi, seules les deux succursales de la banque centrale, à Caracas et à Maracaibo, étaient en mesure de remplacer les vieilles coupures.
Après avoir rendu leurs billets inutilisables, ils repartaient frustrés car les mains vides, en l'absence des nouveaux billets et des nouvelles pièces.
Un nouveau coup dur pour les Vénézuéliens qui supportent déjà au quotidien des files d'attente interminables devant les supermarchés et pharmacies, dans ce pays plongé dans une grave crise économique se traduisant par une pénurie de 80% des produits de première nécessité.
Des manifestations ont éclaté dans plusieurs villes. Selon l'opposition qui travaille au départ anticipé du président, quatre personnes ont été tuées dans des émeutes à Ciudad Bolivar, capitale de l'Etat de Bolivar (sud du pays). Ce bilan n'a pas été officiellement confirmé.
Le gouverneur, Francisco Rangel Gomez, un fidèle de M. Maduro, a précisé sur Twitter que 135 personnes avaient été arrêtées pour des pillages et que des militaires avaient été déployés pour "rétablir l'ordre".
A Guasdalito, dans l'Etat de Apure (centre-ouest), trois banques ont été incendiées par des membres de l'opposition, a accusé M. Maduro.
Le gouvernement a toutefois déployé 58.000 militaires pour assurer la sécurité des agences bancaires, tout en ordonnant la fermeture pour 72 heures de la frontière avec la Colombie, pour contrer les "mafias" cherchant selon lui à introduire de grandes quantités de billets de 100 bolivars.
Le Venezuela, en plein naufrage économique et politique, menace de basculer dans le chaos. L'organisation Human Rights Watch affirme que le pays traverse "une crise humanitaire". Des manifestations contre le gouvernement avaient, en 2014, provoqué la mort de 43 personnes.
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