A Louhossoa, près de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques), cinq personnnes ont été interpellées: l'avocat Michel Tubiana, le dirigeant du mouvement écologiste Bizi!, Jean-Noël Etcheverry, dit Txetx, Michel Berhocoirigoin, ancien président de la Chambre d'agriculture du Pays Basque, Michel Bergougnan, coopérateur viticole dans l'appellation basque Irouléguy, et une journaliste Béatrice Haran-Molle.
L'opération policière, sur commission rogatoire du Parquet anti-terroriste à Paris, a été menée par des enquêteurs de la police judiciaire française, notamment de la Direction générale de la Sécurité intérieure (DGSI), de la Brigade recherches et d'intervention (BRI) de Bayonne et des policiers de l'unité d'élite du Raid, assistés de policiers de la Guardia Civil espagnole.
Les cinq personnes ont été interpellées dans la grande maison, isolée, de Béatrice Haran-Molle, dans la bourgade de Louhossoa (environ 600 habitants), sur la route de Bayonne à Saint-Jean-Pied-de-Port. Au cours d'une perquistion, "une importante saisie d'armes, d'explosifs et de munitions" a été réalisée, indique le ministère français de l'Intérieur.
Pour les gouvernements français et espagnols, "l'interpellation de cinq individus en relation avec l'organisation terroriste ETA" est "un nouveau coup dur porté à ETA", comme l'a déclaré le ministre français de l'Intérieur, Bruno Le Roux, dans un communiqué, tout en se félicitant "d'une excellente coopération entre les services et avec les autorités espagnoles".
De son côté, dans un tweet, le ministère espagnol de l'Intérieur a annoncé que "la Guardia Civil avait porté un coup à l'arsenal de la bande terroriste ETA en France".
Toute autre est l'interprétation fournie dans les milieux nationalistes basques: ainsi, le site en ligne Mediabask, proche du quotidien basque espagnol Gara qui exprime parfois les positions d'ETA, publie une lettre que lui ont adressé Michel Tubiana, Txetx et Michel Berhocoirigoin, affirmant qu'ils avaient décidé "d'enclencher le processus de désarmement de l'organisation armée et procéder à la destruction d'un premier stock d'armes". Ce stock "correspond à environ 15% de l'arsenal d'ETA".
Tous trois justifient leur action par leur volonté de "contribuer à un avenir sans violence et démocratique pour le Pays Basque".
Plusieurs mouvements nationalistes considèrent que "les polices française et espagnole ont empêché la destruction des armes" et appellent à une riposte dans une manifestation prévue demain samedi à 16 heures à Bayonne.
Le 12 octobre dernier une importante cache d'armes d'ETA avait été découverte en forêt de Compiègne (Oise). Ces trois opérations avaient également été menées conjointement par les polices française et espagnole. Le 5 novembre, un des derniers chefs d'ETA encore dans la clandestinité, Mikel Irastorza, avait été arrêté à Ascain, près de Bayonne, puis mis en examen et écroué à Paris. Enfin, le 14 décembre, un autre militant basque espagnol d'ETA avait été arrêté à Marseille (sud).
Au nom de sa lutte pour l'indépendance du Pays Basque et de la Navarre, ETA (Euskadi Ta Askatasuna, Pays Basque et Liberté) a mené une campagne d'attentats qui a causé la mort de 829 personnes, selon les autorités espagnoles et françaises, les années 1980 ayant été les plus sanglantes.
En octobre 2011, ETA a renoncé définitivement à la violence, mais elle n'a pas depuis remis ses armes et refuse de se dissoudre. ETA réclame pour cela une négociation avec les États espagnol et français sur le sort de ses quelque 400 membres détenus dans ces deux pays, ce que Madrid et Paris refusent.
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