A la mi-journée, il affichait sa sérénité en tweetant "OKLM (au calme, NDLR) à Yokohama", avec une photo de lui dans sa chambre d'hôtel au Japon où il dispute le Mondial des clubs avec le Real Madrid.
Peu après, il postait même sur Instagram le message "Vraiment R.A.S." (rien à signaler)...
Pourtant, Benzema, qui fêtera ses 29 ans lundi, a connu un gros revers ce vendredi matin, lorsqu'une décision de justice a validé les investigations du dossier ouvert il y a un an, en refusant d'accéder à la demande du joueur d'annuler la procédure.
Le buteur reste donc mis en examen pour tentative de chantage, complicité et participation à une association de malfaiteurs. Surtout, il va désormais vivre sous l'épée de Damoclès d'un possible procès.
La Coupe du monde 2018 en Russie est encore loin, mais la décision du jour ressemble à une haie presque insurmontable dans le parcours international de Benzema, contraint à une traversée du désert depuis la dernière de ses 81 sélections (27 buts) en octobre 2015.
La Fédération française (FFF) avait décidé mi-avril d'écarter Benzema de l'Euro-2016, au nom de "l'exemplarité" et de "la préservation du groupe". Une décision prise à contre-coeur par le président de la FFF, Noël Le Graët, qui n'a jamais cessé d'exprimer sa sympathie personnelle pour le Madrilène.
Mais depuis, c'est le statu quo. Noël Le Graët a eu beau dire début octobre que, techniquement, le joueur était "sélectionnable", il a aussi laissé entendre à plusieurs reprises qu'il fallait attendre le dénouement de l'affaire.
"Il y a eu un incident (l'affaire de la sex-tape de Valbuena, ndlr), qui n'est toujours pas réglé, et ça me navre", avait-il confié à l'AFP début novembre. Ce vendredi, M. Le Graët n'a pas souhaité faire de commentaire.
'Equilibre' cher à Deschamps
Didier Deschamps, lui, martèle qu'il fait ses choix, dont celui de ne pas convoquer Benzema, "pour le bien de l'équipe de France".
Surtout, le sélectionneur s'appuie désormais sur un groupe qui s'est hissé jusqu'en finale de l'Euro grâce notamment à l'émergence d'Antoine Griezmann, meilleur joueur et meilleur buteur du tournoi (6 réalisations), et 3e au Ballon d'Or 2016 derrière les monstres Cristiano Ronaldo et Lionel Messi.
"Aujourd'hui, il y a des joueurs qui répondent à mes attentes et un équilibre dans cette équipe. Et je suis vigilant à cet équilibre-là", a souligné Deschamps le 5 décembre sur RMC.
Cet "équilibre", c'est un état d'esprit positif dans le groupe, une fraîcheur incarnée par Griezmann et qui tranche avec les déclarations tapageuses de Benzema accusant Deschamps d'avoir "cédé à la pression d'une partie raciste de la France" pour justifier sa non sélection à l'Euro.
Hasard ou coïncidence, la FFF tweetait d'ailleurs vendredi matin, peu après la décision de justice, une vidéo illustrant "la joie de vivre des Bleus", en déplacement, à Clairefontaine, à l'entraînement. Avec ce message écrit: "Un groupe, ça se reconnaît sur un terrain... mais aussi en dehors". Suivez mon regard ?
Le sélectionneur reste en tout cas fidèle à sa logique de groupe: "Je ne dis pas que la situation sera la même dans quatre mois, six mois ou dans un an, a-t-il avancé le 9 décembre sur beIN Sports. Mais on a eu un Euro. Les 23 que j'ai pris j'ai dit +j'ai confiance en eux+; ils m'ont rendu cette confiance".
Griezmann a pris le pouvoir technique dans le secteur offensif et Olivier Giroud la relève à la pointe de l'attaque après avoir longtemps été la doublure de "Benz", rôle désormais dévolu à Kevin Gameiro, qui a supplanté André-Pierre Gignac.
Bon élève... fiscal
L'horizon bleu est-il totalement bouché pour Benzema, qui a toujours clamé son amour pour l'équipe de France ?
En cas d'éventuelle bonne nouvelle sur le terrain judiciaire pour l'attaquant, "résolu à continuer le combat" selon son avocat, il présente de solides arguments tant qu'il reste le titulaire du Real Madrid de Zinédine Zidane et l'équipier préférentiel de Cristiano Ronaldo. Et Deschamps est un grand pragmatique.
Et puis, son image publique s'est améliorée depuis la révélation la semaine dernière de "Football Leaks" et Mediapart: Benzema paie normalement ses impôts en France à l'heure où les stars sont épinglées pour leur recours à des paradis fiscaux. N'empêche que ce vendredi, son horizon bleu s'est passablement assombri.
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