"L'année 2016 marque le bicentenaire de la restitution des oeuvres que Napoléon avait emportées d'Italie pour réaliser son rêve de musée universel", explique à l'AFP Mario De Simoni, président de la Réunion des musées nationaux italiens en présentant "Il Museo Universale", qui se tient jusqu'au 12 mars aux Ecuries du Quirinal.
"Au retour des oeuvres, la population a pris conscience de l'importance de son patrimoine artistique et l'a perçu, pour la première fois, comme un bien commun", ajoute-t-il.
Une centaine d'oeuvres ont été rassemblées dont le "Portrait du pape Léon X" de Raphaël, pièce maîtresse de l'exposition prêtée par la Galerie des Offices de Florence, la monumentale "Assomption de la Vierge" du Titien, plusieurs toiles du Pérugin, des statues antiques et des gisants de la Renaissance.
"Nous avons voulu raconter le grand projet de Napoléon de créer un musée qui soit un modèle pour l'Europe, en nous éloignant de l'interprétation de cet épisode historique qui en fait un vol", explique Valter Curzio, l'un des commissaires.
Entre 1796 et 1814, au cours de plusieurs campagnes militaires françaises, certaines des collections italiennes les plus prestigieuses furent emportées par Napoléon Bonaparte pour alimenter le Musée du Louvre, alors naissant.
Avant qu'il soit sacré empereur en 1804, Bonaparte avait reçu mission du Directoire (1795-1799) de faire en sorte que la France règne sur les Beaux-Arts, en particulier à travers le Louvre, qui devait abriter les oeuvres les plus célèbres de tous les arts.
En contre-partie de ces saisies, les peuples dépossédés auraient, selon la Première république française, la consolation de se sentir "affranchis", grâce à la Révolution française, et rattachés à la "grande nation" par un lien d'alliance ou de vassalité.
Traité de Tolentino
Les succès de la campagne d'Italie (1796-1797) ont permis à Bonaparte de réclamer au pape Pie VI, par le traité de Tolentino (19 février 1797), un énorme tribut en oeuvres d'art.
A Pérouse par exemple, un de ses commissaires confisque en trois jours les meilleurs tableaux de l'église Saint-Augustin alors que la population tente, tant bien que mal, de sauver des oeuvres en les cachant dans les caves ou au fond des puits.
En 1811, le "petit Caporal" devenu Napoléon Ier a de nouveau frappé de l'autre côté des Alpes, cette fois par un décret exigeant "la réunion au domaine de la couronne des tableaux et objets d'art existant dans les bâtiments publics" à Rome et aux alentours.
Cinq ans plus tard, après la chute de Napoléon, les oeuvres ont fait le chemin inverse vers les grandes villes de la péninsule où elles avaient été "empruntées".
Dans l'urgence, nombre d'entre elles ont été entreposées dans des dépôts, d'où elles n'ont été tirées que des années plus tard pour donner naissance à certains des plus grands musées italiens comme la Pinacothèque de Brera à Milan ou La Gallerie dell'Accademia à Venise.
"Ce que les Italiens avaient perçu comme une déprédation s'était transformé, par les mystères de l'histoire, en un formidable héritage dont nous profitons aujourd'hui encore", relève Mario De Simoni.
En revanche, la plupart des toiles signées du Pérugin sont restées en France. Moins considérées à l'époque, elles n'avaient pas été jugées dignes du Louvre et avaient été envoyées dans des musées de province.
Un choix qui permet d'admirer aujourd'hui des chefs d'oeuvre de Pérugin comme "l'Ascension", au Musée des Beaux-Arts de Lyon, ou le "Mariage de la Vierge", à celui de Caen.
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