Aux alentours de 09H30, Soudanais, Afghans et Érythréens pour la plupart, ont commencé à rassembler leurs affaires, dans le calme, alors que les forces de l'ordre démontaient les 270 tentes du campement, a constaté l'AFP.
Entre 700 et 750 migrants étaient attendus au départ, mais seulement 300 personnes étaient finalement présentes à l'arrivée du premier bus aux alentours de 10H00, selon la préfecture de Seine-Saint-Denis.
"J'ai risqué ma vie pour venir ici. J'ai traversé la Libye et la mer pour retrouver mes droits", raconte Khaled Abdallah, Soudanais, 22 ans, qui semble soulagé à l'idée d'être enfin pris en charge. "Je ne m'attendais pas à ce que se soit aussi dur, le froid, l'humidité", avoue-t-il.
"Je suis réfugié", lance un Afghan, brandissant ses papiers. "On va pas nous emmener dans un centre pour nous reconduire à la frontière, non?", s'inquiète-t-il.
Selon la préfecture de Seine-Saint-Denis, les migrants seront dirigés vers "des structures collectives", deux gymnases ayant notamment été réquisitionnés dans le département de première couronne, et un troisième à Paris.
L'évacuation a été décidée pour "des raisons de salubrité et de sécurité", a expliqué la préfecture. "L'objectif n'est pas de faire seulement de la mise à l'abri et de l'hébergement mais de réaliser un examen de l'ensemble des situations individuelles afin de les orienter".
L'opération, qui s'est terminée aux alentours de 10H30, intervient un peu plus d'un mois après l'ouverture à Paris d'un centre d'accueil pour migrants, à l'initiative de la maire Anne Hidalgo, destiné notamment à mettre fin aux incessantes reconstitutions de campements sauvages à mesure qu'ils étaient démantelés, dans le nord de la capitale.
Cette ouverture avait été conditionnée par l'évacuation du plus grand camp de migrants parisien installé place Stalingrad, dans le nord-est de la capitale. Le camp, qui comptait alors plus de 3.800 personnes, avait été évacué le 4 novembre, dans la foulée du démantèlement de la "Jungle de Calais", où se trouvaient alors un peu plus de 7.000 migrants qui ont été mis à l'abri.
Saturation
Théâtre d'une trentaine de démantèlements depuis l'an dernier, le nord de Paris n'a pas vu de nouvelle constitution de camp de migrants depuis l'ouverture du centre d'accueil le 10 novembre.
A Saint-Denis en revanche, les premiers migrants sont arrivés dès le 24 novembre, selon des bénévoles d'Emmaüs interrogés par l'AFP.
Selon plusieurs témoignages recueillis par l'AFP, certains migrants de Saint-Denis se sont retrouvés là après avoir tenté, sans succès, d'être accueillis dans le centre parisien situé à seulement une centaine de mètres, Porte de la Chapelle.
Un mois après son ouverture, le centre d'accueil a hébergé 1.500 personnes dans des conditions modèles. Mais les bénévoles eux-mêmes, face à l'allongement des files d'attente, dénoncent un sous-dimensionnement du projet.
Pour répondre à cette saturation, la préfecture de région a évoqué une extension de 150 places. Au départ doté de 400 lits, le centre parisien accueille les migrants quelques jours, avant de les répartir en Centre d'accueil et d'orientation (CAO) à travers la France.
Le campement de Saint-Denis risquait également de grossir si les mineurs de Calais, hébergés dans des centres en régions, préféraient partir après le rejet de leur demande de transfert en Grande-Bretagne.
Près de 2.000 mineurs ont été envoyés dans ces centres depuis le démantèlement de la "Jungle" de Calais et, selon le ministère de l'Intérieur, Londres en a accueilli près de 500 jusqu'à présent.
Mais les associations dénoncent un arrêt des transferts par les autorités britanniques. Une mission d'information doit débuter dans ces centres pour informer les jeunes de l'alternative qui leur est à présent proposée (demande d'asile ou passage sous la houlette de la protection de l'enfance), un projet en France qui risque d'avoir du mal à convaincre.
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