Quatre-vingt ans, c'est l'âge de la semi-retraite pour les cardinaux qui, une fois passé ce cap, n'ont plus le droit d'élire un souverain pontife lors d'un conclave. Mais le premier pape latino-américain, allergique aux vacances, n'entend pas faire de la figuration.
Son emploi du temps est truffé de cérémonies religieuses, audiences et bains de foule. Pourtant casanier, le pape a fait 17 voyages à l'étranger en près de quatre ans et prévoit pour 2017 un pèlerinage à Fatima (Portugal), un voyage en Inde et au Bangladesh, et peut-être un autre en Afrique...
Une hanche douloureuse lui fait parfois perdre l'équilibre mais il n'évoque plus vraiment une démission, si son énergie l'abandonnait, comme son prédécesseur Benoît XVI (89 ans) a eu l'audace de le faire.
"Je vais de l'avant", a-t-il lancé cet été, enterrant des propos plus mélancoliques prononcés en mars 2015: "J'ai la sensation que mon pontificat va être bref, quatre ou cinq ans".
Jorge Bergoglio, né à Buenos Aires dans une famille modeste, élu 266e pape le 13 mars 2013, a vécu presque toute sa vie dans la mégalopole argentine où il a arpenté les bidonvilles et côtoyé la violence.
Et sa bonhomie souriante s'évanouit subitement lorsqu'il pourfend une société imperméable au sort des migrants ou un système économique broyant les plus pauvres.
'Un hôpital de campagne'
Le sablier du pontificat s'écoule et l'infatigable pape François semble mu par une mission pressante: inciter une Eglise désertée dans certains pays à accompagner avec miséricorde les catholiques en situation irrégulière.
"On peut parler d'une révolution, dans les traces du concile Vatican II" (1962-1965) qui avait ouvert l'Eglise sur le monde moderne, indique à l'AFP le vaticaniste Marco Politi.
"C'est un grand réformateur qui essaie de faire sortir l'Eglise de son obsession historique des tabous sexuels", résume-t-il. Il est le premier pape à avoir invité un transsexuel au Vatican, et il refuse de juger les homosexuels.
"Pour lui, l'Eglise est un +hôpital de campagne+, pas un poste de douanes" qui trie les bons et les mauvais chrétiens, note Politi.
L'Argentin a été élu, entre autres, pour poursuivre la restructuration économique du Saint-Siège entamée sous Benoît XVI, avec par exemple la fermeture de comptes suspects à la banque du Vatican, longtemps accusée de blanchiment d'argent sale. Il s'est aussi entouré de huit cardinaux pour l'assister dans une réforme semée d'obstacles de la Curie (gouvernement du Vatican).
"Sur le plan doctrinal, il n'a rien changé, il n'a jamais fait partie des progressistes", stipule toutefois Marco Politi. Ainsi, le pape n'entend pas ordonner des prêtres mariés ou des femmes et reste horrifié par l'avortement.
Il aimerait que sa laborieuse impulsion réformatrice ait "une continuité", rapporte ce fin connaisseur du Vatican dans son ouvrage "François parmi les loups".
'Le pape des journalistes'
Mais ses détracteurs conservateurs regardent leurs montres. Dernier épisode d'une mini-fronde: une lettre de quatre cardinaux exprimant des "doutes" sur un texte d'avril dans lequel François, sans remettre en cause le dogme du mariage indissoluble, ouvre un accès à la communion pour certains divorcés remariés civilement.
"Le pape a semé beaucoup de confusion au sein de l'Eglise", commente à l'AFP Marco Tosatti, vaticaniste réputé conservateur.
"Il donne une image populaire, sympa et gaie à l'Eglise", reconnaît-il. "Mais les soldes d'été n'attirent pas les nouveaux clients ! Les églises protestantes classiques ont beau être ouvertes sur le monde, elles n'accueillent plus personne".
"C'est le pape des journalistes, excellent en communication", note-t-il, mais, selon lui, les réformes internes auraient du plomb dans l'aile.
Le pape jouit d'un fort consensus chez les fidèles, et aussi chez certains agnostiques et non croyants. C'est une autre histoire dans les cercles ecclésiastiques, confirme Politi: "Je vois la guerre civile à l'intérieur de l'Eglise!".
Face aux réformateurs très discrets, les ultra-conservateurs tentent de discréditer le pape, avance cet expert. "Le but n'est pas de faire un coup d'Etat, mais de poser une hypothèque sur la succession. C'est comme le Tea Party qui a passé des années à saboter l'autorité d'Obama et a eu un effet sur l'élection de Trump".
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