"Mon but principal est qu'il y ait des changements démocratiques au Kazakhstan et que le régime de (Noursoultan) Nazarbaïev tombe, qu'il y ait des réformes économiques. C'est le but de ma vie", a déclaré dans un entretien à l'AFP celui qui vient d'échapper à une extradition vers la Russie grâce à une décision exceptionnelle du Conseil d'Etat.
La plus haute autorité administrative française a jugé que Moscou demandait cette extradition "dans un but politique" et permis sa libération après trois ans et demi d'incarcération. La Russie, le Kazakhstan et l'Ukraine l'accusent de gigantesques détournements financiers qu'il dément.
"Si j'avais été extradé vers la Russie, mon espérance de vie, en tant que particule élémentaire, et je le dis en tant que physicien, aurait été comprise entre un mois et un an. Je ne doute pas que j'aurais été tué", a-t-il dit à l'AFP dans un appartement parisien.
Ancien ministre du président Nazarbaïev, tombé en disgrâce à la fin des années 1990, cet homme qui a passé 14 mois dans les prisons kazakhes et vu sa banque, BTA, nationalisée, assure que son pays natal, "allié proche de Moscou", était "derrière" la demande russe d'extradition.
Selon lui, le président russe Vladimir Poutine a joué un "rôle principal" dans ses démêlés judiciaires en donnant "des instructions à la police, à la justice, aux services secrets" russes, dans le but d'impressionner sa propre opposition, sur le thème '+vous voyez, on a aidé un pays voisin, nos amis, et avec vous ce sera encore plus facile+".
Arrêté en juillet 2013 sur la Côte d'Azur, Moukhtar Abliazov est accusé d'avoir détourné des milliards de dollars quand il dirigeait la BTA qui a déposé plusieurs plaintes contre lui.
L'ancien banquier a dit vivre sa libération comme "une énorme joie". "Imaginez-vous: être enfermé dans une cellule pendant trois ans ! J'ai accumulé beaucoup d'énergie que je peux utiliser maintenant pour des choses positives".
Il s'est aussi félicité de l'arrêt du Conseil d'Etat qui, selon lui, crée un précédent pour "tous ceux qui vont se retrouver dans la même situation s'ils luttent contre leurs régimes autoritaires ou s'ils en deviennent victimes".
Jusqu'à ce jour, les magistrats du Conseil d'État avaient annulé une seule demande d'extradition concernant un opposant politique espagnol réclamé par le gouvernement de Franco.
"occuper les palais présidentiels"
Détenteur du statut de réfugié en Grande-Bretagne où il avait réussi à s'enfuir en 2009, le dissident compte obtenir un permis de séjour en France "où il se sent plus en sécurité" pour mener une lutte politique contre le président Nazarbaïev, au pouvoir depuis près de 27 ans dans ce pays d'Asie centrale riche en pétrole.
"Nous devons réformer le système politique pour avoir une république parlementaire, et dans le futur système politique (...) je me vois Premier ministre", a-t-il dit. "Je pense qu'en trois ans on devrait pouvoir y arriver".
L'ex-milliardaire compte mobiliser ses partisans au Kazakhstan "par visioconférences". Il table sur les nouvelles technologies pour faire entendre sa voix malgré le système politique verrouillé qui a permis à l'homme fort de cette ancienne république soviétique de se faire faire réélire en 2015 avec 97,7 % des voix.
"Je vais essayer de faire descendre les gens dans la rue, organiser des actions de protestation, ou mieux encore faire occuper les palais présidentiels", a-t-il dit, persuadé que les difficultés économiques et l'émergence de la société civile joueront en sa faveur.
Selon lui, ses compatriotes "ne font plus confiance au pouvoir". "Récemment, il y a eu des manifestations, les gens sont descendus spontanément dans la rue (....). Le pouvoir a eu très peur", a-t-il dit en faisant état de 1.500 arrestations.
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