L'homme de 22 ans, qui n'a jamais exprimé de remords, a écouté debout l'énoncé du verdict, sans trahir d'émotion.
Selon la procédure pénale en vigueur, ce procès devant la cour de Charleston reprendra début janvier, pour la détermination de la sentence du condamné. Dylann Roof, qui encourt la peine de mort, a confirmé qu'il entendait assurer lui-même sa défense lors de cette dernière phase.
Les 12 membres du jury, composé de deux femmes noires, un homme noir, huit femmes blanches et un homme blanc, n'auront eu besoin que de deux heures de délibérations jeudi pour donner raison au procureur, qui leur avait demandé plus tôt de ne trouver aucune circonstance atténuante au jeune solitaire à l'idéologie xénophobe.
Le 17 juin 2015, après avoir minutieusement préparé son attaque, Dylann Roof avait prétendu participer à une séance de catéchisme à l'église de l'Emanuel, avant d'ouvrir le feu sur les paroissiens, tuant neuf d'entre eux. Il a tiré 77 fois.
Dans son réquisitoire jeudi matin, le procureur Nathan Williams a insisté sur la "haine écrasante" de l'accusé, ne cessant d'opposer l'hostilité fanatique du jeune homme et la bonté et l'innocence des fidèles tombés sous ses tirs.
Roof a choisi de frapper "un endroit de camaraderie, où de vieux amis se retrouvaient pour étudier la Bible", a rappelé le procureur. "Un endroit accueillant, où tout nouvel entrant se voyait proposer une chaise".
C'est d'ailleurs ce qu'avait fait le révérend Clementa Pinckney, le pasteur de l'Emanuel African Methodist Episcopal Church, quand il a vu entrer Dylann Roof dans son église, en cette soirée de juin 2015.
"Les plus vulnérables"
"La haine n'avait pas de place dans ce sanctuaire. Et pourtant la haine a déferlé autour de ces tables", a commenté M. Williams. "Et ce n'était pas la haine colérique qu'on peut voir s'afficher sur un visage. C'était une haine froide, calculatrice, qui avait enflé depuis des mois".
Pour lui, Dylann Roof est "un homme d'une immense lâcheté, qui a abattu des personnes qui avaient les yeux fermés" durant un moment de prière.
Roof, a poursuivi le procureur, s'est attaqué "aux plus vulnérables": il "a consacré le plus de balles à Susie Jackson, qui avait 87 ans" et sur le corps de laquelle ont été relevés au moins 10 impacts.
Dans son réquisitoire Nathan Williams a décrit un homme "glorifiant" la ségrégation et dont les écrits, saisis dans sa chambre, "dénigraient les autres races".
Il a exécuté ces Noirs dans cette église "car il pensait qu'ils n'étaient rien d'autres que des animaux".
"Il s'est tourné vers l'homme qui lui avait offert une chaise, lui a tiré dessus une fois. Puis il a donné libre cours à sa haine et a continué à lui tirer dessus encore et encore".
Sa volonté de faire le plus de victimes possibles ne faisait aucun doute, a-t-il assuré. "Il marchait de façon méthodique dans cette pièce", a souligné M. Williams.
"Sa haine était écrasante. Elle était planifiée. Elle était atrocement violente", a-t-il enfin martelé, alors qu'une intense émotion vrillait la salle d'audience, où sur des écrans étaient projetées des images des victimes.
Photos de son chat
Lui succédant dans le prétoire, l'avocat de Dylann Roof, David Bruck, a tenté l'impossible pour demander au jury de "comprendre du mieux que nous le puissions".
Il a dépeint un jeune homme perdu dans une immense solitude et sous influence néfaste. L'avocat a ressorti des photos où l'accusé portait une cagoule du Ku Klux Klan ou brûlait le drapeau américain.
"Tout ce qu'il a fait est une imitation de quelque chose qu'il a vu ailleurs", a affirmé l'avocat, qui a conclu à une preuve d'humanité dans le fait que son client possédait des "centaines" de photographies de son chat.
M. Bruck a enfin appelé les jurés à ne pas céder au "jugement hâtif" mais au contraire savoir "regarder plus loin" pour décider du sort d'un homme "prisonnier de ses délires". Il aura été un peu entendu si les jurés décident en janvier d'épargner à Dylann Roof la peine capitale.
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