Le sort de la quarantaine de familles d'Amona est au coeur d'une bataille aux enjeux politiques, diplomatiques et humains, qui va en s'amplifiant depuis des semaines à l'approche du 25 décembre.
La Cour suprême israélienne a décidé qu'Amona, où vivent environ 300 personnes, devait être détruite avant cette date parce qu'elle a été construite illégalement sur des terres privées palestiniennes.
Les résidents d'Amona ont annoncé dans un communiqué avoir décidé à une majorité écrasante de refuser une offre du gouvernement en échange de leur promesse de se laisser évacuer sans violence.
L'offre stipulait que seules 12 familles resteraient sur la même colline, mais seraient déplacées sur d'autres terrains, jugés vacants, a dit à l'AFP Eliana Passentin, porte-parole de la subdivision administrative locale.
Les 28 autres familles seraient logées temporairement dans la colonie voisine d'Ofra en attendant de trouver une solution.
"L'Etat ne prend aucun engagement (...) Si l'Etat s'engage expressément à construire nos nouvelles maisons ici à Amona et à repousser l'évacuation à après cette construction, nous sommes prêts à l'accepter", ont dit les habitants d'Amona.
Ces derniers refusent leur éviction en invoquant leur présence sur les lieux depuis des années, le soutien apporté en son temps par l'Etat à leur installation et le lien millénaire entre les juifs et ces terres.
Après ce rejet, Amona a connu une nuit d'effervescence avivée par les rumeurs propagées sur les réseaux sociaux, chacun s'attendant à une expulsion imminente. Des dizaines de jeunes des environs sont venus dormir sur place pour soutenir les habitants, renforçant la crainte d'une confrontation, a constaté un journaliste de l'AFP.
Amona est une colonie dite sauvage, c'est-à-dire illégale au regard du droit qu'Israël applique à la majorité de la Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967.
Précédent de 2006
L'ONU et une grande part de la communauté internationale ne font pas de distinction et considèrent comme illégales toutes les colonies, c'est-à-dire les implantations civiles israéliennes en territoires occupés. Elles y voient aussi un des principaux obstacles à la paix qui se fait attendre entre Israéliens et Palestiniens.
Le sort d'Amona, qui accapare le débat public, met à l'épreuve la cohésion du gouvernement de Benjamin Netanyahu, confronté sur sa droite au forcing des plus ardents défenseurs de la colonisation, à commencer par les ministres du Foyer juif, parti nationaliste et religieux.
Le Foyer juif a mis à profit le contexte pour faire progresser un projet qui reviendrait à légaliser 4.000 logements construits, comme ceux d'Amona, sur des terres privées palestiniennes et disséminés dans 55 colonies en Cisjordanie.
Le Parlement a adopté le texte en première lecture le 7 décembre mais deux autres lectures sont nécessaires. Et la Cour suprême risque fort d'invalider le texte finalement.
De nombreux pays, dont le grand allié américain, ont dores et déjà exprimé leur inquiétude devant le précédent qu'il créerait et le message qu'il véhiculerait.
d'uLes défenseurs d'Amona ont dû se résigner à ce qu'une clause rétroactive qui aurait sauvé Amona soit retirée du texte, ce qui semble rendre inéluctable une destruction qui devrait avoir une résonance majeure en Israël.
Le gouvernement s'efforce d'éviter la réédition d'une opération en 2006, quand la démolition de neuf bâtiments à Amona avait donné lieu à des heurts et au spectacle politiquement très chargé de policiers israéliens évacuant de force des colons israéliens.
L'un des plus fervents avocats des colons, le chef du Foyer juif et ministre de l'Education Naftali Bennett, s'est entendu avec M. Netanyahu pour convaincre les résidents de partir sans résistance, mais en vain.
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