"Le programme d'aide à la Grèce ne peut être un succès que si tous les participants se tiennent à l'accord", avait prévenu dès mercredi matin un porte-parole de Wolfgang Schäuble, le puissant ministre des Finances allemand.
"Il est impératif que les mesures ne soient pas décidées de façon unilatérale ou annulées sans préavis", avait ajouté M. Schäuble.
Au coeur de la discorde, deux mesures sociales annoncées par le Premier ministre grec, Alexis Tsipras: le rétablissement d'un 13ème versement annuel - supprimé lors de précédentes mesures d'austérité - pour les plus basses pensions de retraite ainsi qu'un report de la hausse de la TVA sur les îles de l'est égéen, où s'entassent actuellement plus de 16.000 migrants et réfugiés, "tant que dure la crise des réfugiés".
Des mesures chiffrées à 617 millions et annoncées trois jours à peine après qu'Athènes ait obtenu de l'Eurogroupe de petites mesures d'allègement de sa dette, dites "de court terme" car elles pouvaient être prises rapidement.
Prévues de longue date, ces mesures à l'effet incertain venaient en fait récompenser des réformes passées, déjà mise en oeuvre par la Grèce, toujours sous perfusion financière.
Mais le coup de poker social d'Alexis Tsipras - dont il est coutumier auprès de ses créanciers - change la donne, selon le gouvernement allemand, qui a donc demandé "aux institutions" - FMI, Commission européenne, BCE et Mécanisme européen de stabilité (MES) qui supervise les prêts à la Grèce de la zone euro - "d'évaluer si les mesures" grecques étaient "compatibles avec les engagements liés au programme".
Rapport en janvier
S'est ensuivi un communiqué, quelques heures plus tard, du porte-parole de Jeroen Dijsselbloem, le président de l'Eurogroupe: "les institutions ont conclu que les actions du gouvernement grec semblent ne pas être en ligne avec nos accords".
Et "quelques Etats", parmi les 19 de la zone euro, "le voient aussi de cette façon", ce qui rend impossible, faute "d'unanimité", l'allègement de la dette grecque.
"Nous attendons un rapport complet des institutions en janvier", a précisé le porte-parole de M. Dijsselbloem.
Dès l'annonce de l'Eurozone, la Bourse d'Athènes a accusé le coup, cédant plus de 3%.
"Notre évaluation des dites mesures est en cours et donc, par définition, pas achevée", a répondu auprès de l'AFP le commissaire européen aux Affaires économiques, Pierre Moscovici.
"A mes yeux, les conditions de l'accord de l'Eurogroupe ne sont pas changées par les mesures décidées par le gouvernement de M. Tsipras", a insisté M. Moscovici, observant qu'il ne voulait "pas opposer l'allègement de la dette indispensable et la cohésion sociale que le peuple grec attend".
Malgré trois plans successifs de soutien financier de l'UE et du Fonds monétaire international (FMI) depuis 2010, la dette grecque s'élève à 315 milliards d'euros en 2016, ce qui représente environ 180% du PIB.
Le FMI et la zone euro s'opposent ces derniers mois sur la manière d'extraire la Grèce de six ans de crise financière, économique et sociale.
D'un côté, le FMI plaide pour un coup de pouce rapide et décisif sur la dette, sans quoi il refuse de participer financièrement au troisième plan d'aide de 86 milliards d'euros, accordé en juillet 2015.
De l'autre, l'Allemagne, premier créancier parmi les pays de la zone euro, campe sur son orthodoxie budgétaire et renvoie à 2018 un règlement de fond sur la dette, après ses élections législatives prévues chez elle en septembre 2017.
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