Depuis plusieurs jours, l'ex-Premier ministre, qui répète vouloir "sauver" ou "consolider" la Sécu, et non la "privatiser" comme l'en accusent la gauche et le FN, est confronté à une pluie de critiques concernant son projet sur la santé. Des "caricatures", balaie-t-il.
"Il est tellement plus simple de dire n'importe quoi... Non, à aucun moment, je n'ai voulu ou je ne voudrais +privatiser l'assurance maladie+", a assuré M. Fillon, mercredi lors d'une visite de l'hôpital Marie-Lannelongue au Plessis-Robinson (Hauts-de-Seine).
A l'issue de sa visite, le candidat a annoncé qu'il allait "demander à des experts indépendants de réaliser un audit des comptes sociaux. On entend tellement de choses qu'il faut maintenant un peu de vérité et un peu de clarté". "J'organiserai ensuite avec mes amis parlementaires, dont beaucoup sont des médecins, une convention qui nous permettra de préciser le projet en étroite concertation avec les professionnels de la santé de tous les secteurs", a-t-il ajouté.
M. Fillon s'est immédiatement attiré les foudres des socialistes. "Un ex-PM, candidat à la présidentielle, marque sa défiance à la @courdescomptes et aux organismes indépendants de la République: affligeant", a tweeté la ministre de la Santé, Marisol Touraine. "Les comptes de la Sécurité Sociale sont certifiés depuis 2012 par la Cour des Comptes! F.Fillon ose douter de son indépendance ?", s'insurge aussi son collègue au Budget, Christian Eckert.
En cause: la volonté affichée par l'ex-Premier ministre, dans une première mouture de son projet, de distinguer entre "gros risques" ("affections graves ou de longue durée", pris en charge par l'assurance maladie) et "petits risques" (pris en charge par des complémentaires santé).
Pas de définition des "petits risques" par Fillon
Qu'entend-il par "petits risques"? A cette question, posée par les journalistes qui l'accompagnaient dans sa visite de l'hôpital, M. Fillon n'a pas répondu.
Lors du débat de l'entre-deux-tours de la primaire, face à Alain Juppé, il avait proposé "que la Sécurité sociale se concentre sur les risques principaux (...) On va discuter de la composition de ce panier de soins qui devrait être couvert par la Sécurité sociale. Et je souhaite que, pour le petit risque, on aille vers les mutuelles", avait-il affirmé.
Le sujet étant très sensible aux yeux du public, le candidat veut canaliser des critiques aux effets potentiellement ravageurs à quelques mois de la présidentielle, par la mise en place de garde-fous.
Les expressions "gros risques" et "petits risques" sont désormais bannies du vocabulaire filloniste.
Mardi, il a écrit une tribune dans Le Figaro pour expliquer qu'il voulait "sauver le caractère universel en responsabilisant les assurés", rappelant que "la dette" de la Sécu se montait à "160 milliards d'euros".
Sa proposition la plus contestée a également été retirée de son site internet, une décision qualifiée de "maladroite" par un proche.
"Pour assurer la pérennité de notre système de santé, je propose de (...) focaliser l'assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l'assurance privée sur le reste. Les moins favorisés ne pouvant accéder à l'assurance privée bénéficieront d'un régime spécial de couverture accrue", était-il écrit avant que la phrase ne disparaisse des écrans.
Autres parties du projet dont le candidat n'a plus parlé, ni dans sa tribune, ni au Plessis-Robinson: la franchise médicale universelle, censée remplacer le ticket modérateur, ou son objectif de réduire de 20 milliards d'euros les dépenses de santé sur le quinquennat. Ce qui ne signifie pas qu'il y ait renoncé. Plus qu'un changement de pied, il s'agirait plutôt d'un glissement sémantique. "Il n'y a absolument aucun recul" de la part de M. Fillon quant à sa politique de santé, affirme Christian Jacob (LR).
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