"Le coeur de cette affaire, c'est quand même ce préjudice moral de 45 millions d'euros, alors que (...) le préjudice moral pour la mort d'un enfant, c'est évalué à 30 à 50.000 euros. Enfin c'est colossal!", s'indigne Martine Ract Madoux.
"Vous ne vous dites pas, mais je n'ai jamais autorisé un préjudice moral?" veut-elle savoir. "Mais ça aurait changé quoi? J'aurais houspillé tel ou tel, mais ça aurait changé quoi au niveau juridique?" répond Christine Lagarde, sur la défensive.
"C'est quand même un coup de poing dans l'estomac, ça doit vous faire réagir!", lance la présidente.
Le 7 juillet 2008, Christine Lagarde est ministre de l'Economie depuis plus d'un an. Une procédure arbitrale, qu'elle a autorisée, attribue à Bernard Tapie plus de 400 millions d'euros d'argent public, dont 45 millions d'euros au titre d'un "préjudice moral d'une très lourde gravité", pour solder des contentieux avec l'ancienne banque publique Crédit Lyonnais.
La CJR, juridiction à la fois judiciaire et politique, doit décider si dans cette affaire, Mme Lagarde a par sa "négligence" permis à Bernard Tapie, avec ses complices, de détourner des fonds public. Elle risque jusqu'à un an de prison et 15.000 euros d'amende.
Comme lundi, la directrice générale du Fonds monétaire international s'est retranchée derrière ses lourdes obligations ministérielles, derrière ses fréquents voyages à l'étranger et derrière ses collaborateurs à Bercy, dont elle n'a "à l'époque aucune raison" de se méfier.
Son directeur de cabinet de l'époque, Stéphane Richard, homme-clé du dossier, est appelé à témoigner mercredi.
Les travaux préparatoires, avant l'arbitrage, sur la possibilité d'un "préjudice moral"? Cela se fait dans son dos. Le communiqué de Bercy qui "prend acte" de la sentence, et qui promet que l'impact sur les finances publiques sera minime? Elle ne le lit pas avant diffusion.
"C'est normal?", s'étonne Mme Ract Madoux. "C'est le mode de fonctionnement du ministère", rétorque Mme Lagarde.
Comme plusieurs spécialistes lui prédisent "de très faibles chances de succès" en cas de recours contre la décision d'arbitrage, l'ancienne ministre y renonce - un peu vite, et en écartant tous les avis divergents, selon la présidente.
"Attendre, faire durer les dossiers, ça n'a jamais été ma pratique", dit Mme Lagarde, mettant en avant son expérience dans le secteur privé, dans un grand cabinet d'avocats anglo-saxon.
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