En perdant ses dernières positions à Alep, la rébellion va essuyer son pire revers depuis le début de la guerre en mars 2011. La reconquête totale de la deuxième ville du pays offrira en effet au régime et à ses alliés le contrôle des cinq principales cités de Syrie avec Homs, Hama, Damas et Lattaquié.
De leur ancien bastion d'Alep-Est qu'ils contrôlaient depuis 2012, les insurgés ne tiennent plus que deux principaux quartiers, Soukkari et Al-Machad, en plus d'une poignée de petits secteurs, d'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
"La bataille d'Alep touche à sa fin", a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH, en parlant du principal front de ce conflit syrien qui a fait plus de 300.000 morts et déplacé au moins la moitié de la population.
Selon un responsable militaire à Alep, l'offensive aérienne et terrestre lancée le 15 novembre par les forces loyales au régime de Bachar al-Assad "entre dans sa phase finale. Nous vivons les derniers moments avant la victoire".
En soirée, du côté ouest d'Alep aux mains du régime, d'intenses tirs de célébration ont été entendus par des journalistes de l'AFP.
La télévision d'Etat montrait elle des scènes de liesse dans le même secteur. Sur les images on voit des gens crier "Allah, Syrie et Bachar" et brandir des portraits de M. Assad et des drapeaux syriens.
Dans le sud de la métropole ravagée, les frappes aériennes et les tirs d'artillerie se poursuivaient sur le dernier réduit rebelle, alors que les civils continuaient de fuir.
Les gens ont faim, pas d'abris
Dans le quartier d'Al-Machad, toujours sous contrôle rebelle, des témoins ont affirmé à l'AFP que de nombreux civils s'entassaient dans un même secteur faute d'abris. Des femmes et des enfants dorment dans la rue adossés à leurs valises. Les gens ont faim et sont à la recherche de pain, selon ces témoins.
Via son porte-parole, Stephane Dujarric, M. Ban Ki-moon a en tout cas tiré la sonnette d'alarme en mentionnant les atrocités dont auraient été victimes "un grand nombre de civils", dont des femmes et des enfants, dans la ville d'Alep.
"Les Nations unies soulignent l'obligation pour toutes les parties sur le terrain de protéger les civils en se conformant aux règles humanitaires internationales", a insisté M. Dujarric, en soulignant que "c'est en particulier la responsabilité du gouvernement syrien et de ses alliés", notamment la Russie et l'Iran.
Les insurgés d'Alep ont commencé à céder du terrain quand l'armée, soutenue par des combattants iraniens et du Hezbollah libanais, a lancé une campagne foudroyante, le 15 novembre, pour reprendre la partie orientale qui lui échappait depuis juillet 2012.
Lundi, ils ont perdu les quartiers de Cheikh Saïd et de Salhine puis se sont retirés de six autres quartiers, dont celui de Boustane al-Qasr, l'un des plus fortifiés, d'après l'OSDH.
Plus de 10.000 civils supplémentaires ont fui les zones rebelles ces dernières 24 heures pour rejoindre des secteurs gouvernementaux, portant à 130.000 de nombre des habitants ayant fui l'offensive, a ajouté l'ONG.
En quatre semaines, l'opération militaire a coûté la vie à plus de 415 civils à Alep-Est selon l'OSDH, tandis que 130 civils ont été tués par des tirs rebelles dans l'ouest de la ville.
Les efforts diplomatiques pour mettre fin au carnage à Alep, comme dans le reste du pays, n'ont jamais porté leurs fruits et les derniers pourparlers américano-russes ont échoué.
Les fronts s'embrasent
Fort de ses succès et des soutiens russe et iranien, le régime a ignoré les appels à la trêve et a poursuivi sa campagne destructrice pour reprendre totalement Alep coûte que coûte.
Déclenché par la répression sanglante de manifestations prodémocratie pacifiques, le conflit en Syrie s'est transformé en une guerre très complexe avec la montée en puissance de groupes jihadistes comme l'organisation Etat islamique (EI), l'implication de forces régionales et de puissances internationales sur un territoire très morcelé.
Plusieurs fronts restent embrasés ailleurs dans le pays entre différents belligérants.
Dans la province centrale de Homs, l'EI a créé la surprise en reprenant dimanche pour la deuxième fois la ville antique de Palmyre, neuf mois après en avoir été chassé par l'armée et l'allié russe. De violents combats opposent les jihadistes à l'armée au sud et à l'ouest de Palmyre.
La Russie, qui intervient militairement au côté du régime depuis septembre 2015, a été critiquée par le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault. "Les Russes qui prétendent lutter contre le terrorisme, se concentrent en fait sur Alep et ont laissé un espace à (l'EI) qui est en train de reprendre Palmyre, tout un symbole!"
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