"Je ferai mon annonce pour le prochain secrétaire d'Etat demain (mardi) matin", a écrit le milliardaire sur Twitter lundi soir. Il s'agit du dernier poste important de son administration qu'il n'a pas encore pourvu.
Une certitude: ce ne sera pas Mitt Romney, l'ancien gouverneur du Massachusetts, qui a annoncé son retrait de la course lundi soir. "Ce fut un honneur d'avoir été pressenti comme Secrétaire d'Etat de notre grand pays", a déclaré l'ancien candidat républicain à la présidence sur sa page Facebook, en qualifiant d'"agréables et instructives" ses discussions avec Donald Trump.
Selon CNN, Donald Trump l'aurait en fait appelé pour le prévenir qu'il ne serait pas nommé.
Selon les dernières rumeurs, c'est bien Rex Tillerson, le patron du géant pétrolier ExxonMobil, qui tiendrait la corde pour occuper ce poste prestigieux et devenir la voix de la diplomatie américaine. M. Tillerson, 64 ans, entretient d'étroites relations d'affaires avec Vladimir Poutine, qui lui a remis en 2013 la décoration russe de l'ordre de l'Amitié.
Pour la presse américaine lundi soir, et notamment le New York Times, le Washington Post et NBC News, les jeux seraient mêmes faits, en faveur de l'ancien PDG.
Les autres candidats potentiels étaient l'ancien chef de la CIA David Petraeus ou le respecté sénateur Bob Corker.
Le choix de M. Tillerson irait dans le sens de la volonté affichée par M. Trump, durant sa campagne, d'améliorer les relations entre les Etats-Unis et la Russie, mises à l'épreuve ces dernières années, notamment au sujet de la guerre en Syrie.
Mais ce candidat est loin de faire l'unanimité, y compris dans son camp: "Cet homme (NDLR: Poutine) est un voyou et un assassin, je ne vois pas comment on peut être l'ami d'un ancien agent du KGB", a lancé le sénateur républicain John McCain sur CNN.
'Un ami de Vladimir'
"Etre un ami de Vladimir n'est pas une caractéristique que j'espère chez un secrétaire d'Etat", a commenté son collègue Marco Rubio.
Deux prises de position qui n'augurent pas d'un passage aisé devant le Sénat, qui devra confirmer cette nomination par un vote, ce qui requerra donc le concours de la plupart des républicains.
Or le Congrès, à majorité républicaine, va bien enquêter sur les cyberattaques et les interférences russes dans l'élection américaine, accentuant la pression contre Moscou alors même que Donald Trump tente de s'en rapprocher.
La CIA a conclu dans un rapport secret révélé vendredi par le Washington Post que la Russie était intervenue par ses cyberattaques dans la campagne électorale dans le but précis d'aider Donald Trump à être élu, et non dans le but plus général de troubler le bon déroulement de l'élection.
Mais le successeur de Barack Obama, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, rejette cette conclusion, jetant l'opprobre sur un service de renseignement à la réputation entachée par ses rapports erronés après le 11 septembre 2001 sur les liens entre Saddam Hussein et Al-Qaïda.
Donald Trump l'a dit à plusieurs reprises en interviews, et à nouveau lundi. "A moins que vous ne preniez les hackers en flagrant délit, il est très difficile de déterminer qui a piraté. Pourquoi cela n'a-t-il pas été publié avant l'élection ?", a-t-il écrit sur Twitter.
En octobre, les services de renseignement américains avaient collectivement accusé la Russie d'avoir piraté des partis politiques afin d'interférer dans le processus électoral.
"Les Russes ne sont pas nos amis", a déclaré le chef de la majorité du Sénat, Mitch McConnell, lors d'une conférence de presse.
'Inexpérience' diplomatique
"Toute intervention étrangère dans nos élections est entièrement inacceptable. Et toute intervention de la Russie est particulièrement problématique car, sous le président Poutine, la Russie a été un agresseur, constamment en train de saper les intérêts américains", a renchéri Paul Ryan, président de la Chambre des représentants.
Mais ces fins stratèges semblent réticents à l'idée de bouleverser le programme du prochain Congrès.
Ils s'en sont donc remis aux discrètes commissions du Renseignement, compétentes en la matière, Paul Ryan soulignant que la commission de la Chambre enquêtait déjà sur les menaces étrangères de cyberattaques.
Le secrétaire d'Etat retenu par M. Trump aura un autre sujet brûlant à traiter dès son entrée en fonction le 20 janvier: les relations avec la Chine.
Depuis le début du mois, Donald Trump a en effet multiplié les déclarations embarrassantes pour Pékin, qui avait pourtant semblé accueillir avec bienveillance son élection le 8 novembre.
Le régime chinois a dans un premier temps excusé le milliardaire pour son "inexpérience" diplomatique, mais a lancé un premier avertissement lundi, au nom de la défense de ce "principe de la Chine unique" que Donald Trump avait menacé dimanche de jeter aux orties.
Par ailleurs, selon Bloomberg, le milliardaire populiste va reporter la grande conférence de presse qu'il devait tenir jeudi, au cours de laquelle il doit annoncer les détails sur la manière dont il compte cesser, le temps de sa présidence, de gérer son immense empire immobilier international afin d'éviter tout conflit d'intérêt.
Cette conférence de presse serait reportée au mois prochain, avant sa prise de fonction le 20 janvier, mais aucune date précise n'a été annoncée.
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