L'ancien Premier ministre socialiste portugais a été formellement investi par l'Assemblée générale de l'ONU, en pleine bataille finale pour le contrôle d'Alep en Syrie, et quelque cinq semaines avant l'entrée de Donald Trump à la Maison blanche.
Dans un discours-programme, il a d'emblée affiché sa volonté de changement, voire de rupture avec Ban Ki-moon qu'il remplacera le 1er janvier.
L'ONU "a contribué à des décennies de paix relative mais les défis surpassent désormais nos capacités à réagir", a-t-il déclaré.
"Il est temps pour l'ONU de reconnaître ses insuffisances et de réformer la manière dont elle fonctionne", a-t-il martelé, en recommandant des réformes dans trois domaines: maintien de la paix, aide au développement durable et gestion.
"Il nous faut davantage de médiation, d'arbitrage et de diplomatie préventive", a-t-il affirmé. Il s'est dit "prêt à s'engager personnellement".
Mais sur la Syrie, un dossier où il est très attendu, il n'a pas dévoilé ses batteries. Devant la presse, il s'est décrit comme "disponible" pour jouer le rôle d'un "intermédiaire de bonne foi", susceptible de "créer les conditions pour rétablir la confiance" entre les protagonistes du conflit.
Mais il a reconnu que "le secrétaire général n'est pas le maître du monde, tout au plus une valeur ajoutée" et que ce sont les Etats membres qui mènent le jeu, en premier lieu les cinq grandes puissances membres du Conseil de sécurité. Celui-ci reste profondément divisé entre les occidentaux et la Russie, alliée de Bachar al-Assad.
Constatant que les Casques bleus peinent souvent à "maintenir une paix qui n'existe pas" -- comme au Mali, en Centrafrique ou au Soudan du Sud -- M. Guterres a souhaité "une réforme globale de la stratégie et des opérations de l'ONU".
'Homme de la situation'
Alternant sans effort français, anglais et espagnol, il a aussi souhaité une "meilleure coordination" dans la lutte contre le terrorisme.
L'ONU doit compter "davantage sur les personnes et moins sur la bureaucratie", a-t-il lancé aux 193 pays membres réunis dans un hémicycle comble et qui l'ont longuement applaudi.
Pour cet ancien Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, l'ONU doit être aussi mieux gérée, devenir plus "agile et efficace". Il a déploré qu'il "faille neuf mois pour déployer quelqu'un sur le terrain".
M. Guterres a aussi souligné la nécessité pour l'ONU de "mieux communiquer" et s'est fixé comme priorité "de parvenir à une parité hommes-femmes" dans sa hiérarchie.
Dans une référence implicite à l'élection de Donald Trump et à la vague de populisme qui secoue l'Europe, il a déploré que "beaucoup de gens de par le monde soient motivés par la peur".
"Il est temps de reconstruire les relations entre les citoyens et les dirigeants, nationaux et internationaux", a-t-il estimé.
De l'avis de nombreux diplomates à l'ONU, l'élection de Donald Trump risque de compliquer la tâche de M. Guterres.
Le prochain président des Etats-Unis n'a pas caché son scepticisme sur la lutte contre le réchauffement climatique, cheval de bataille de Ban Ki-moon, promettant de remettre en question l'accord conclu il y a un an à Paris.
M. Trump a nommé comme ambassadrice américaine à l'ONU la gouverneure de Caroline du Sud, Nikki Haley, sans expérience diplomatique.
Des responsables onusiens craignent aussi que l'Amérique resserre les cordons de la bourse.
Les Etats-Unis sont les premiers bailleurs de fonds des Nations unies, fournissant 22% du budget général de fonctionnement et 28% du budget des missions de maintien de la paix.
Malgré ces nuages à l'horizon, l'arrivée aux commandes d'Antonio Guterres, un homme affable et râblé de 67 ans, premier ex-chef de gouvernement à prendre ce poste, continue de susciter attentes et espoirs.
Son élection a été unanime et menée avec un souci inédit de transparence. Il succède à un Ban Ki-moon manquant de charisme et piètre communicateur.
"Il est l'homme de la situation en ces temps très difficiles", résumait lundi l'ambassadrice américaine Samantha Power.
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