"Mère célibataire, ce n'est pas la fin du monde, mais ça demande de la souplesse", témoigne à l'AFP Nathalie Catanzano, 45 ans.
Un mari quitté il y a 13 ans, un train en direction de Paris avec les enfants sous le bras, jamais un sou de pension alimentaire, la "galère" les premières années... Cette mère de deux enfants de 13 et 17 ans dit vivre "un marathon".
Auparavant "fantaisiste, irresponsable", Nathalie est devenue "organisée, carrée, une machine de guerre toute-puissante, obligée d'avoir un coup d'avance pour éviter que ça s'enraye". Au point parfois d'"étouffer sous l'écrasante responsabilité", dit-elle.
Trouver une nounou pour deux heures, un avocat pour démêler sa situation familiale, proposer du covoiturage pour aller à l'école, du soutien scolaire: le réseau "Parents solos et compagnie", qui sera inauguré mardi par la ministre Laurence Rossignol, veut s'adresser aux parents isolés en recensant et en "labellisant" les associations et actions existantes pour les familles monoparentales et "générer des initiatives" locales.
Selon l'Insee, 1,7 million de familles sont monoparentales, soit plus d'une sur cinq (22%). Dans 85% des cas, la mère est la cheffe de famille.
Particulièrement touchées par la précarité, 32,5% de ces familles vivent sous le seuil de pauvreté.
'Simplifier la vie'
"On doit faire autant avec moins. Moins de fric, moins de temps, moins d'aide", résume Alice, 34 ans, séparée et maman de fillettes de 6 et 8 ans.
Elle a pris un emploi de vendeuse à mi-temps pour pouvoir se passer d'une nounou et être plus à la maison.
"Le boulot, les transports, les devoirs, mes journées sont millimétrées. Il n'y a pas de place pour une vie sociale", poursuit Alice, qui n'échangerait pas le "trio d'enfer" qu'elle forme avec ses filles pour un "prince charmant".
"On a une relation différente avec l'enfant, c'est génial. Mais notre vie est calquée sur la sienne, il est au centre de tout", décrit Laura, maman célibataire d'un garçonnet de cinq ans. "Quand ça dérape, on se sent seul. L'autorité à un, c'est quand même plus limité".
Cette Parisienne, cadre dans une grande entreprise, aimerait qu'on arrête de voir les familles monoparentales comme "marginales" pour mieux prendre en compte leur situation. "C'est comme si on devait être à tout prix exemplaire pour compenser le fait d'être seul: bien élever son enfant, travailler tard le soir, continuer à sortir", poursuit-elle.
Pour Béatrice Henry, présidente de l'association Les Fourmilles Argentées, qui fait partie du réseau "Parents solo et compagnie", ce dont souffrent particulièrement ces parents, c'est la solitude.
"On pense toujours que les autres font mieux alors on n'ose pas se plaindre de peur d'être jugé comme un mauvais parent et on se renferme", analyse cette ancienne maman solo de 55 ans.
L'an passé, elle a créé la "seule petite association de quartier dédiées aux familles monoparentales". Tous les dimanches, dans un local mis à disposition par la mairie de Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), elle fait venir gratuitement coiffeur, esthéticienne, garde d'enfants, thérapeute, avocat, ou encore un agriculteur qui vend ses fruits et légumes à ses adhérents: 17 parents solos, dont cinq papas.
"Le coiffeur c'est 40 euros, l'esthéticienne encore plus, varier les menus et cuisiner tous les soirs c'est quasiment impossible... Quand on est parent solo, qu'on travaille ou pas, c'est dur financièrement", explique-t-elle à l'AFP.
Depuis son quartier prioritaire, elle reçoit des lettres de parents en souffrance vivant en Corse, à Tarbes ou dans l'Indre. "C'est pas l'assistanat qu'il faut, mais multiplier partout les petites choses qui simplifient la vie quotidienne", plaide-t-elle.
Un objectif auquel tentera de répondre "Parents solos et compagnie", qui ambitionne de "faire se rencontrer dans la vraie vie les parents et d'avoir une carte de France des actions bien remplie", précise l'entourage de la ministre.
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