Retiré de la scène politique hexagonale, M. Peillon, eurodéputé de 56 ans, se consacrait depuis deux ans et demi, en Suisse, à ses cours à l'université de Neuchâtel et à l'écriture de romans - son deuxième sortira en février.
La probable candidature de l'ancien ministre de l'Education nationale à la primaire socialiste des 22 et 29 janvier, qu'il devrait annoncer au JT de 20H00 sur France 2, constitue donc une surprise, dans un paysage chamboulé à gauche par le renoncement de François Hollande et l'absence de leaders incontestés.
Soutenu par plusieurs députés - Patrick Mennucci, Eduardo Rihan Cypel, Patrick Bloche -, M. Peillon aurait le mérite, selon ses proches, d'être au "point d'équilibre" de la gauche.
Selon plusieurs élus socialistes interrogés par l'AFP, la candidature de M. Peillon aurait été encouragée par "des proches de Stéphane Le Foll" -lui aussi un fidèle du chef de l'Etat. D'autres y voient la main du commissaire européen Pierre Moscovici, ou encore de Martine Aubry, qui a fermement démenti. L'entourage d'Anne Hidalgo a de son côté, fait savoir que la maire de Paris, sans avoir suscité cette candidature, la regardait "d'un bon oeil".
Tous pronostiquent au candidat de la dernière heure "beaucoup de parrainages".
"Je vois bien ce qui va se coaliser: des anciens Hollandais qui ne sont pas à l'aise avec Manuel Valls sur les questions sociétales, des proches de Moscovici, des aubrystes, des ségolénistes", commente un député européen.
'Concours Lépine'
Manuel Valls, dont la candidature n'a pas à ce stade suscité d'élan particulier dans son camp, a accueilli plutôt fraichement ce retour annoncé de Vincent Peillon. "On ne peut pas être candidat pour affaiblir. C'est ma conception. On ne peut pas être candidat contre", a-t-il dit mercredi. "C'est un garçon intellectuel qui réfléchit aux problèmes de la France. Et je ne vais pas le disqualifier d'un mot ou d'une formule", avait aussi tempéré l'ancien Premier ministre.
Ses proches sont plus sévères, évoquant une candidature qui s'apparenterait à une "mauvaise plaisanterie" liée à l'"amertume", un "concours Lépine de celui qui se dit +ça y est, je me lève ce matin et je suis candidat+".
La candidature de M. Peillon n'est pas non plus forcément une bonne nouvelle pour Arnaud Montebourg et Benoît Hamon : si elle affaiblit Manuel Valls au premier tour, elle est susceptible de lui apporter un réservoir de voix pour le second.
Proche de Benoît Hamon, le député Pascal Cherki, a raillé vendredi auprès de la presse sa candidature, la comparant à celle de Jean-François Copé, "qui occupait aussi une position centrale à l'UMP", et qui a obtenu 0,3% des voix à la primaire de la droite.
Pour M. Mennucci, député des Bouches-du-Rhône, l'ancien ministre de l'Education, auteur de la réforme des rythmes scolaires, était "prêt à soutenir François Hollande malgré des désaccords sur la loi travail, sur la déchéance de nationalité".
"La décision du président de la République lui a ouvert les yeux sur a nécessité d'occuper un espace politique qui est celui de la sociale-démocratie, qui aujourd'hui n'est pas occupé dans cette primaire, ni par les frondeurs ni par Manuel Valls", a poursuivi M. Menucci.
L'élu marseillais, qui place Vincent Peillon "dans la droite ligne de Lionel Jospin", a précisé que son positionnement prônait "une large liberté" sur les questions de société, en gardant "en tête les classes sociales les plus défavorisées" sur les questions économiques.
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