L'homme, qui n'a laissé derrière lui qu'un joker de jeu de cartes et un téléphone brouillant les pistes, est en cavale depuis le 27 avril 2011. C'est un dossier en souffrance, un "cold case", ces énigmes vieilles comme la police.
L'Office européen de police (Europol), a lancé en janvier le site www.eumostwanted.eu afin d'obtenir tous renseignements dans la traque, par les polices des États membres de l'Union européenne (UE), des hommes les plus recherchés dans ces dossiers.
Y ont figuré les auteurs des attentats de Paris et de Bruxelles. Y figurent encore une cinquantaine d'auteurs de braquages ou de meurtres.
Depuis le lancement du site, selon Europol, neuf ont été retrouvés grâce à la plateforme comme, en février, le gourou roumain Gregorian Bivolaru, soupçonné d'exploitation de mineurs et de pédopornographie dans son pays, arrêté à Paris.
Fort du succès, Europol a eu l'idée de sélectionner 24 "most wanted" sous la forme d'un calendrier de l'avent via internet et les réseaux sociaux. "Nous espérons pouvoir offrir aux citoyens un beau cadeau de Noël en capturant certains de ces fugitifs", a dit Gerald Hesztera, porte-parole de l'agence européenne basée à La Haye.
Samedi, la fenêtre s'est donc ouverte sur la photo de Karim Ouali. Né le 21 mai 1976 dans le XVIIe arrondissement de Paris, il a une casquette de poulbot vissée sur la tête sur l'une des photos de son dossier policier.
"Ouali est un type très intelligent qui a mis en scène son crime et sa cavale", explique le commissaire Christophe Foissey, patron de la Brigade nationale de recherche des fugitifs (BNRF), une vingtaine d'hommes de la police judiciaire française basés à Nanterre (Hauts-de-Seine).
"Délire de persécution"
"A priori, mais on n'est sûr de rien, il n'a pas tué de nouveau. Il est dangereux, tapi quelque part, peut-être à l'étranger".
27 avril 2011. Ce contrôleur aérien diplômé - parmi les premiers - de l'École nationale de l'aviation civile (ENAC) en 1999, est suspecté d'avoir tué un collègue, le frappant à plusieurs reprises avec une hache artisanale confectionnée par ses soins. Le corps est retrouvé dans la tour de contrôle de l'aéroport de Bâle-Mulhouse.
L'auteur présumé est vite identifié: Ouali, qui a débuté sa carrière en région parisienne, où vit encore sa famille, avait rejoint en octobre 2010 l'EuroAirport de Mulhouse pour gravir les échelons. Son comportement a rapidement changé et, "souffrant d'un délire de persécution" selon les enquêteurs, il est en arrêt maladie à partir de décembre 2010.
Chez lui, à Saint-Louis (Haut-Rhin), la police retrouve un crucifix à l'envers, des cartes de tarot autour d'une statue de Bouddha. C'est un adepte de théories du complot, apprend la police.
Il a menacé le matin du crime ses collègues accusés de le persécuter. Et expédié en Suisse un téléphone portable, qui borne dans ce pays. Mais c'est une fausse piste, pour faire perdre du temps aux enquêteurs, rapporte M. Foissey.
Le suspect emprunte plusieurs véhicules pour fuir, sous de fausses identités. L'un est retrouvé six mois plus tard à Bron, dans la banlieue lyonnaise. A l'intérieur, le joker d'un jeu de cartes.
Autres indices, tout aussi mystérieux: des tatouages sur le corps et, raconte le commissaire Foissey, la trace d'un sac et de chaussures de randonnée achetés à Bron.
"On a tout épuisé", lâche le policier. Mais il se veut confiant: selon lui, 150.000 personnes ont déjà effeuillé le calendrier d'Europol.
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