La candidate à la présidentielle, invitée de l'institut de sondage BVA à Paris et interrogée sur l'immigration et les retraites, a d'abord assuré que "la solidarité nationale doit s'exprimer à l'égard des Français".
"Je n'ai rien contre les étrangers, mais je leur dis: +Si vous venez dans notre pays, ne vous attendez pas à être pris en charge, à être soignés, que vos enfants soient éduqués gratuitement, maintenant c'est terminé, c'est la fin de la récréation!+" a lancé la présidente du FN.
Marine Le Pen a ensuite très rapidement précisé à l'AFP que ces propos ne concernaient en fait que les enfants de "clandestins". "Clandestins" dont elle souhaite de toute manière l'expulsion générale.
Cette position figurait déjà en 2012 au programme du Front national (celui de 2017 devrait être dévoilé fin janvier), au contraire d'une nouvelle mesure annoncée à l'AFP jeudi: une "contribution au système scolaire de la part des étrangers, sauf s'ils cotisent en situation légale", car "demander une participation aux étrangers pour la scolarisation de leurs enfants en France est une mesure qui ne me choque pas outre mesure, cela se fait dans beaucoup de pays", a dit Mme Le Pen.
La candidate FN "précisera" prochainement son souhait d'"un accès restreint à la gratuité de certains services publics et à certaines prestations sociales aux étrangers qui arrivent dans le pays et n'ont pas encore cotisé et payé d'impôt", a-t-elle indiqué à l'AFP.
La ministre de l'Éducation a "condamné avec la plus grande force" la position du FN. Refuser de scolariser les enfants étrangers en situation irrégulière va contre "toutes les conventions internationales dont la France est signataire", dont la Déclaration universelle des droits de l'Homme, la Convention internationale relative aux droits de l'Enfant, etc., a dénoncé Najat Vallaud-Belkacem.
Qu'importe pour Mme Le Pen, qui précise régulièrement vouloir renégocier, si elle est élue présidente, nombre de traités et autres conventions internationales, dont la Convention européenne des droits de l'Homme ou celles "en matière de santé".
"Le FN reste le FN"
La position de Mme Le Pen a été qualifiée d'"inhumaine" par la ministre de l'Enfance Laurence Rossignol, d'"énorme provocation" par Corinne Narassiguin, l'une des porte-parole du PS, de "barbare" par le candidat de "La France insoumise" à la présidentielle Jean-Luc Mélenchon, de "profondément choquante" par Valérie Debord, porte-parole des Républicains, de "honteuse" par l'ancienne patronne du Medef Laurence Parisot.
"Le FN reste le FN", a résumé la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra).
"Si elle dit des bêtises comme ça, la campagne va rater", s'est inquiété un responsable frontiste.
Depuis qu'elle est aux responsabilités dans le parti, et notamment son accession à la présidence début 2011, Mme Le Pen tente d'éviter les déclarations polémiques ou délictueuses, dont son père Jean-Marie Le Pen, exclu en août 2015 du FN, était coutumier.
Elle a fait toute sa pré-campagne de 2016 sur le slogan de "la France apaisée", afin de rassurer les nombreux Français, notamment à gauche, qui lui restent hostiles, et qui s'étaient par exemple mobilisés au second tour des régionales de décembre 2015 pour barrer la route à son parti en Paca et dans les Hauts-de-France.
La candidate FN a d'ailleurs voulu rassurer jeudi matin sur l'Union européenne (UE) et l'euro: en cas d'arrivée à l'Élysée, elle pourrait appeler à voter "non" à une sortie de l'UE lors du référendum qu'elle souhaite convoquer... Mais seulement si l'UE était prête à "changer totalement".
Mme Le Pen s'en est aussi prise nettement à la population immigrée, qui, a-t-elle martelé, en France, "ne travaille pas". Selon l'OCDE, en 2012-2013, les immigrés avaient un taux d'emploi de 57,2% (contre 65% pour la population française "native").
Une illustration de l'un des principaux dilemmes électoraux du FN d'après les chercheurs: trouver le bon curseur entre radicalité et normalisation.
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