Le nouveau chef de l'EPA, Scott Pruitt, un républicain de 48 ans, a passé l'essentiel de sa carrière comme ministre de la Justice de l'Oklahoma (sud) à se battre contre l'agence à la tête de laquelle il a été nommé.
Il a mené une bataille judiciaire contre la règlementation de l'EPA visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre des centrales électriques au charbon, en étroite liaison avec le secteur.
"Depuis trop longtemps et de manière incontrôlée, l'EPA a dépensé l'argent du contribuable pour un programme anti-énergétique qui a détruit des millions d'emplois et nui aussi à nos formidables agriculteurs et beaucoup d'autres entreprises un peu partout", a fait valoir M. Trump en nommant M. Pruitt.
M. Trump a promis durant sa campagne de défaire les lois et réglementations pour la protection de l'environnement et la lutte contre le réchauffement climatique, accusant M. Obama d'avoir déclaré la guerre au charbon, un sujet électoral sensible dans plusieurs Etats.
'Esprit ouvert'
Il avait même indiqué son intention de retirer les Etats-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre après la Chine, de l'accord de Paris sur le climat signé fin 2015 par 192 pays.
Or la position du deuxième plus gros pollueur de la planète est cruciale pour que l'accord puisse porter ses fruits.
M. Trump a toutefois semblé modérer sa position après son élection, disant au New York Times qu'il "gardait un esprit ouvert" sur le sujet, et reconnaissait "un lien entre les activités humaines et le changement climatique".
En campagne, le milliardaire avait qualifié le changement climatique de "canular" inventé par les Chinois, bien que le phénomène soit désormais avéré scientifiquement.
M. Trump avait longuement reçu lundi à New York l'ancien vice-président Al Gore, célèbre apôtre de la lutte contre le réchauffement climatique. Une conversation "intéressante" et "appelée à se poursuivre", a dit Al Gore après son entrevue avec M. Trump.
Al Gore a aussi rencontré Ivanka Trump, qui pourrait adoucir la position de son père sur ce sujet, selon le magazine Politico.
Mais sous l'impulsion de Scott Pruitt, 28 Etats américains ont entamé une action en justice contre les réglementations de l'EPA pour réduire les émissions des centrales électriques au charbon.
Une cour fédérale doit trancher mais les experts s'attendent à ce que cette procédure fasse l'objet d'un recours devant la Cour suprême.
Bataille frontale
La bataille promet donc d'être frontale avec les écologistes, déjà sur le pied de guerre.
M. Pruitt est "un conjuré connu du secteur des énergies fossiles" qui s'est engagé à "défaire les régulations fédérales et tout ce que l'administration Obama a accompli sur le front du changement climatique", a déploré jeudi Michael Burger, directeur du Sabin Center sur le climat à l'Université Columbia.
"Si Trump essaye de revenir sur la lutte contre le changement climatique et la protection de l'environnement, nous le combattrons dans les tribunaux, dans la rue et au Congrès", a promis Michael Brune, qui dirige le Sierra Club, une des plus grandes ONG américaines de défense de la nature, forte de 2,4 millions de membres.
Pour le sénateur démocrate Bernie Sanders, M. Pruitt non seulement "dit ne pas croire au changement climatique" mais veut aussi "rendre ce pays plus dépendant" des énergies fossiles.
Outre la nomination de M. Pruitt, les écologistes craignent l'entrée au cabinet de M. Trump du PDG du géant pétrolier ExxonMobil, Rex Tillerson, cité pour devenir chef de sa diplomatie américaine.
M. Trump a précisé que l'EPA se concentrerait désormais sur la protection de l'air et de l'eau, des projets consensuels mais qui ne sont que deux des nombreuses missions de l'agence.
Outre le climat, l'EPA promeut un mode de vie plus écologique, régule le tri des déchets, et informe sur les risques des produits toxiques et les pesticides.
Selon le magnat de l'immobilier, l'abrogation des régulations va créer plus de 500.000 emplois par an et générer 30 milliards de dollars de hausses de salaires.
Pour May Boeve, directrice de l'ONG 350.org, "les énergies propres sont le plus grand créateur potentiel d'emplois au 21e siècle tandis que le changement climatique demeure notre plus grande menace".
A LIRE AUSSI.
Trump élu: les défenseurs du climat sonnés mais déterminés
Climat: entrée en vigueur accélérée de l'accord de Paris
Climat: avec ou sans Trump, la lutte continue
Envie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nousEnvie d'afficher votre publicité ?
Contactez-nous
L'espace des commentaires est ouvert aux inscrits.
Connectez-vous ou créez un compte pour pouvoir commenter cet article.