"Avec mes copains, nous étions descendus explorer un trou, nous avons progressé peu à peu et à un moment nous sommes tombés sur la salle des taureaux", raconte-t-il à l'AFP. "Une merveille. Si grande, si impressionnante", dit-il en écartant les bras.
"Nous étions affolés. Nous nous sommes dit +ce n'est pas possible de découvrir une chose pareille!+", poursuit le vieil homme au regard pétillant sous ses larges lunettes, lors d'un entretien réalisé à son domicile parisien, près de l'Arc de Triomphe.
"Nous n'avons pas eu de mal à reconnaître que c'était des hommes préhistoriques qui étaient les auteurs de ces peintures car nous savions qu'ils avaient occupé plusieurs grottes dans la région", assure-t-il.
A l'origine de cette extraordinaire découverte, il y a d'abord un chien qui tombe en arrêt le 8 septembre 1940 devant un trou profond sur la colline boisée de Lascaux. Son maître, un apprenti mécanicien de 18 ans, Marcel Ravidat, décide de revenir l'explorer quatre jours plus tard, le 12 septembre.
Chemin faisant, il tombe sur une bande de trois gamins, Jacques Marsal, Georges Agniel et Simon Coencas, qui décident de l'épauler.
La France est alors occupée, le village de Montignac, en Dordogne, se trouve en zone libre.
Simon, dont les parents sont des Juifs d'origine grecque établis à Paris, réside temporairement au village. Il a treize ans et habite en face de Jacques, dont la famille tient le café de Montignac.
"Avec ma petite bande, nous cherchions le souterrain du vieux château voisin. Nous espérions trouver un trésor. Nous en avons trouvé un mais pas celui que l'on croyait", sourit Simon Coencas.
Avec un couteau, Ravidat creuse l'entrée du trou pour parvenir à s'y glisser. Les trois adolescents le rejoignent. Éclairés par une lampe pigeon, ils avancent dans la grotte et découvrent peu à peu les peintures rupestres. Chevaux, taureaux, cerfs... C'est la stupéfaction.
"Bavard"
"Nous avons décidé de garder le secret. C'était notre trésor", raconte Simon Coencas.
"Mais je suis bavard et je l'ai dit le soir à mon frère". "Le bon dieu m'a puni", plaisante-t-il en faisant allusion au cancer des cordes vocales qui l'a touché il y a une quinzaine d'années et le conduit à être appareillé.
"Finalement, tout le monde a bavardé et nous avons prévenu l'instituteur Léon Laval", un passionné d'archéologie. "Il ne nous croyait pas, a demandé à avoir des dessins et puis finalement, il est allé à la grotte. Il est tombé des nues."
Dès le 21 septembre, l'abbé Breuil, professeur au Collège de France, visite la grotte qu'il décrit comme "la Chapelle Sixtine de la préhistoire".
Pour Simon, l'aventure de Lascaux est déjà terminée. Il a dû quitter Montignac pour rentrer à Paris avec sa famille.
Les mesures antijuives se mettent à pleuvoir. Son père, qui possède des magasins de vêtements, est déporté à Auschwitz tout comme sa mère. Ils ne reviendront pas.
Simon, lui, échappe de justesse à ce sort. Né le 21 janvier 1927, il est arrêté par la police en 1942 et conduit au camp de Drancy. Il est libéré in extremis car il n'a pas encore 16 ans.
"Si je suis là, c'est parce que le destin l'a voulu". "Il faut toujours avoir de l'espoir", dit cet homme énergique qui a eu aussi à subir de lourdes opérations du coeur.
Après la guerre, il se marie, a trois enfants, et devient ferrailleur.
La vie file vite. Il ne revient à Lascaux qu'en 1986 où il retrouve ses trois complices, désormais tous disparus. Depuis, il assiste avec plaisir aux événements importants autour de la grotte.
Plein de vivacité, Simon Coencas compte bien être présent samedi à l'inauguration par François Hollande de Lascaux 4, la copie intégrale de la grotte. "C'est une merveille."
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