Depuis des mois, le débat fait rage en France. Faut-il ou non armer les policiers municipaux en armes à feu? Les syndicats en avaient fait la demande au lendemain de l'attentat survenu le 14 juillet 2016 à Nice (Alpes-Maritimes). Ils ont été entendus: le décret autorisant les policiers municipaux à être armés de pistolets semi-automatiques 9 mm est paru mardi 29 novembre 2016 dans le Journal Officiel.
Armement: des maires pour, d'autres contre
En Seine-Maritime, dans un département touché par le terrorisme après l'attentat commis à Saint-Etienne-du-Rouvray le 26 juillet 2016, la question suscite toujours la controverse. Certains maires s'y opposent: c'est le cas, par exemple, à Rouen (Seine-Maritime) ou à Sotteville-lès-Rouen, deux villes dirigées par des maires socialistes. Dans la ville-centre, une motion déposée par l'opposition frontiste avait d'ailleurs été rejetée par la majorité lors du conseil municipal de septembre 2016.
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À Petit-Quevilly, une décision prise au lendemain de Charlie Hebdo
Mais l'étiquette politique ne dicte pas ici les choix des maires. La preuve: Frédéric Sanchez, maire socialiste de Petit-Quevilly, a lui entrepris d'équiper ses policiers municipaux, dont il augmente d'ailleurs les effectifs (ils passeront en 2017 de huit à dix personnes).
L'édile dit avoir pris cette décision il y a longtemps, "dès janvier 2015 et le renforcement du plan Vigipirate après l'attentat contre la rédaction de Charlie Hebdo, où un policier municipal avait trouvé la mort. C'est à ce moment-là que nous avons engagé la discussion avec nos agents". Un échange qui n'a pas été de tout repos, même si le maire assure que les débats n'ont pas été "particulièrement vifs". Mais il l'avoue, "certains regrettent cette évolution, y compris dans mon équipe".
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L'utilisation des armes très encadrée
Reste que l'armement des policiers municipaux demeurera, à Petit-Quevilly du moins - chaque maire étant décisionnaire en matière de police municipale - très encadré. "Les armes ne pourront pas être utilisées dans n'importe quelle mission. Ce sera sur celles menées sur la voie publique et la nuit, à partir de 18h l'hiver, 19h l'été. En journée, la présence de revolvers ne sera utilisée que dans le cadre de contrôles routiers impliquant la fouille de véhicules et sur réquisition de la police nationale", poursuit Frédéric Sanchez. L'enjeu principal étant que les policiers "puissent se protéger" dans des missions ou à des moments sensibles.
Quatre policiers ayant reçu l'agrément nécessaire et une formation approfondie seront équipés "dans les prochaines semaines". Les autres agents le seront dans la foulée.
Surtout, pour le maire de Petit-Quevilly, cet armement ne constitue qu'une "évolution" dans le dispositif de sécurité communal, les policiers municipaux détenant déjà des tonfas et la ville disposant également d'un réseau de vidéoprotection.
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Des polices armées dans toute la circonscription?
Cette évolution, il y en a un qui souhaite la généraliser. Jonas Haddad, candidat des Républicains aux législatives 2017 dans la troisième circonscription de Seine-Maritime (Le Petit-Quevilly, Saint-Etienne-du-Rouvray, Sotteville-lès-Rouen Est, Sotteville-lès-Rouen Ouest) propose "d'armer toutes les polices municipales de la circonscription afin que les policiers municipaux puissent poursuivre entièrement leur mission de protection des citoyens" et ce "dans le contexte de crise que nous vivons".
Une proposition coup de poing qui ne doit pas faire oublier que la décision d'armer ces policiers revient au maire et non au député. Ainsi, à Sotteville-lès-Rouen comme à Saint-Etienne-du-Rouvray, les majorités municipales - socialiste pour la première, communiste pour la seconde - refusent l'armement de leurs forces de l'ordre. N'en déplaise à Jonas Haddad.
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