Cette soirée d'ouverture, suivie d'un dîner de gala, est un des moments clé de la vie culturelle italienne et de nombreuses personnalités y assisteront, dont l'ex-roi d'Espagne Juan Carlos.
En revanche, en raison de la crise politique qui secoue actuellement la péninsule, le président de la République Sergio Mattarella, les ministres de l'Economie Pier Carlo Padoan et de la Culture Dario Franceschini ne seront finalement pas présents.
En signe de solidarité, quatre habitants des régions touchées par les récents tremblements de terre ont été conviés par la commune de Milan dans le palco Reale, la prestigieuse "loge royale".
La Scala, qui mettra cette saison de nouveau à l'honneur la tradition italienne avec neuf oeuvres sur les quinze opéras présentés, a choisi pour débuter "Madame Butterfly", dans sa version née à Milan au début du siècle dernier.
Giacomo Puccini avait été enthousiasmé par la pièce éponyme de David Belasco, présentée en 1900, et en avait rapidement acquis les droits.
Mais après le succès de La Bohème et de Tosca, la première de cette "tragédie japonaise" à la Scala, le 17 février 1904, est un fiasco, les protestations dégénérant même en bagarres.
"En 1904, cette première fut très contestée. L'époque n'était pas encore prête à avoir un opéra où une femme se tue devant le public en faisant un harakiri", explique le directeur artistique et surintendant de la Scala, Alexander Pereira.
Les critiques de presse sont féroces: opéra trop long, ennuyeux, monotone, recours trop forcé au côté japonisant...
Puccini décide alors de remanier l'oeuvre, de la réorganiser en trois actes au lieu de deux --une originalité qui avait suscité des critiques-- et d'effectuer des coupes.
La nouvelle version présentée dans la ville italienne de Brescia (nord) en mai 1904 est un triomphe, et l'oeuvre voyagera ensuite dans le monde entier.
Retransmission dans le monde entier
Selon M. Pereira, il sera extrêmement intéressant pour le public de découvrir cette oeuvre "dans la version dans laquelle Puccini l'avait pensée initialement".
Cerisiers en fleurs, panneaux japonais, geishas... la Scala sera plongée à partir de 18H00 (17H00 GMT) dans un univers japonais.
"Madame Butterfly" raconte l'histoire d'un officier américain de passage à Nagasaki, qui épouse une geisha de 15 ans. S'il n'y voit qu'un divertissement et repart bientôt aux Etats-Unis, Madame Butterfly tombe elle éperdument amoureuse de lui, l'attend et se suicide quand il revient trois ans plus tard avec une nouvelle épouse américaine. Car "celui qui ne peut vivre dans l'honneur meurt avec honneur".
Riccardo Chailly, directeur principal de la Scala depuis un an, sera à la baguette, tandis que la mise en scène est assurée par Alvis Hermanis.
La soprano uruguayenne Maria José Siri interprètera la jeune geisha, le ténor américain Bryan Hymel le lieutenant Pinkerton et le baryton espagnol Carlos Alvarez le consul américain Sharpless.
L'oeuvre sera retransmise en direct par la Rai, la télévision publique italienne, et par diverses chaînes et radios dans le monde entier, de même que par des centaines de salles de cinéma. Plusieurs lieux de Milan, théâtres, musées, espaces publics mais aussi prisons, résonneront également dans le même temps des airs de "Madame Butterfly", avec des projections sur grand écran.
La Scala sera placée sous haute sécurité pour l'événement, toujours organisé le 7 décembre, jour de la Saint-Ambroise, le patron de la ville.
Et conformément à une tradition bien établie, une manifestation des syndicats est prévue devant le théâtre.
Pour la suite de sa saison, la Scala présentera notamment "Don Carlo" de Verdi, "Falstaff" et "La Traviata" de Verdi, ou encore "La Bohème". Quatre opéras allemands, dont "Hänsel et Gretel", sont aussi au programme, de même que Mozart, avec "Don Giovanni" et "L'Enlèvement au Sérail".
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