À l'heure où les campagnes de crowdfunding - financement participatif - se multiplient sur le net, la solidarité 2.0 se décline également sur de nouveaux modes. Au lieu de lever des fonds, certains décident par exemple de récolter plutôt... du temps.
Quelques secondes ou plusieurs heures
Mathilde Milot est l'une des pionnières du crowdtiming à Rouen (Seine-Maritime). Avec l'association Citémômes, elle a organisé en juin 2016 un tricot géant représentant un tableau de Monet. "Nous n'avions pas vraiment besoin d'argent mais d'un peu de temps pour tricoter ou communiquer sur le projet", raconte-t-elle. Via la plateforme Fullmobs, les volontaires ont pu faire don de quelques secondes pour partager le projet sur les réseaux sociaux ou de plusieurs minutes ou heures passées à tricoter.
"Du temps, on en a tous un peu"
"Les gens sont très sollicités par les cagnottes, ça commence à faire beaucoup, poursuit Mathilde. Le crowdtiming permet de cibler ceux qui ont un peu de temps et pas forcément beaucoup d'argent, la plupart des gens dans notre société finalement."
Elle veut croire que "ce genre d'initiative deviendra normal petit à petit". Pour elle, il représente une bonne alternative au bénévolat "souvent associé à un engagement lourd dans l'esprit des gens qui ont comme premier réflexe de dire 'je n'ai pas le temps'. Du temps, on en a tous un peu! Chaque petite action n'est pas anodine".
Une banque du temps pour les jeunes
Le temps c'est de l'argent? Aux chantiers jeunes de la MJC Grieu à Rouen, les éducateurs le valorisent comme tel depuis plus de 20 ans. Ils ont mis au point une sorte de banque du temps. À chaque demi-journée consacrée aux projets qui leur sont proposés, les ados collectent des points qui leur permettront de s'inscrire à un sport, de s'acheter du matériel de dessin, de musique, de photo ou de financer leur permis de conduire...
"Il ne faut pas le cacher, les jeunes sont au début surtout motivés par la contrepartie, sourit Jean-Jacques Bernigaud, directeur adjoint de la MJC. Mais cela permet aussi de susciter l'envie de faire du bénévolat par la suite." Il cite pêle-mêle les moments partagés avec les bénévoles d'une bibliothèque, la cabane construite pour une crèche, le grand nettoyage d'un square sur les Hauts de Rouen...
"Un jour, il y a un déclic, poursuit Jean-Jacques Bernigaud. Ils discutent entre eux et souvent les plus grands leur montrent qu'ils ne travaillent pas seulement pour eux mais aussi pour les familles qui viennent jouer dans le square par exemple." Chaque année, près de 200 jeunes passent par ces chantiers. Certains y consacrent une demi-journée de temps en temps, d'autres leurs semaines de vacances.
Donner du temps pour apprendre
Les semaines de vacances, certains décident de les offrir en échange de savoir-faire. C'est l'option choisie par Mathieu Lapierre. Avant de construire sa maison 100 % écologique dans les près d'Artemare (Seine-Maritime), cet enseignant de formation a fait le tour des chantiers participatifs. "Je ne voulais pas me lancer sans expérience, raconte-t-il. J'ai passé quelques semaines sur des chantiers participatifs et découvert des milliers de choses."
Adepte du principe, il fait donc appel aux volontaires pour la construction de sa maison, sur Internet ou dans les revues spécialisées. "Les gens ont envie d'apprendre, et la communauté écolo entretient cet esprit d'échange", met-il en avant. "Mais cela demande quand même beaucoup de temps et d'organisation", prévient-il. Pour le temps comme pour l'argent, le tout est de savoir comme l'utiliser à bon escient.
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