Le candidat est désormais un ex-Premier ministre, remplacé mardi par Bernard Cazeneuve, qui lui avait déjà succédé place Beauvau. Adieu berlines des cortèges officiels, palais de la République, appui des préfectures et des ambassades pour les déplacements, cabinet de plusieurs dizaines de têtes bien pleines...
Repassé en mode "petite entreprise", Manuel Valls a engrangé depuis l'annonce de sa candidature lundi à Evry des ralliements: le patron des sénateurs PS Didier Guillaume, le député de l'Ardèche Olivier Dussopt classé aubryste. Côté gouvernement, Juliette Méadel, Laurence Rossignol, Pascale Boistard, Patrick Kanner, Ericka Bareigts ou encore Harlem Désir sont montés à bord du navire vallsiste.
Après son intervention au 20H00 de France 2 mardi soir, l'ancien locataire de Matignon a retrouvé quelque 150 parlementaires venus "en soutien" selon ses partisans. "On était plutôt contents" du nombre de participants, a dit un membre de la campagne.
Mais les soutiens n'affluent pas forcément au rythme espéré, alors qu'un front anti-Valls se dessine chez ses adversaires.
"Le rassemblement est en oeuvre, mais cette campagne sera rude", reconnaît un lieutenant du Premier ministre qui se dit "pas inquiet".
Le tout nouveau ministre de l'Intérieur Bruno Le Roux, qui fin octobre avait qualifié Manuel Valls de "plus légitime à porter nos couleurs" en cas de renoncement de Hollande, a fait savoir lundi qu'il "attendait de voir". Comme Stéphane Le Foll ou François Rebsamen, autres lieutenants de François Hollande.
Le mini-remaniement de mardi n'a certes pas signifié de guerre ouverte avec l'Elysée: Bernard Cazeneuve est beaucoup plus "vallso-compatible" qu'un Stéphane Le Foll, qui faisait également partie des "premiers-ministrables". Lors de la passation de pouvoirs, il a dit "son amitié indéfectible" à Manuel Valls, sans toutefois exprimer de soutien direct à la campagne de son prédecesseur.
Le Guen exilé
Mais il a vu Jean-Marie Le Guen, proche de Manuel Valls, perdre le stratégique secrétariat des relations avec le Parlement au profit du +hollandais+ André Vallini.
Du côté de la primaire, la sénatrice de l'aile gauche du PS Marie-Noëlle Lienemann envisage de retirer sa candidature et a promis dans tous les cas de soutenir "celui qui sera en situation de battre Manuel Valls".
Selon un sondage Ifop-Fiducial diffusé mardi et réalisé après le renoncement de François Hollande mais avant la candidature officielle de M. Valls, ce dernier ne recueillerait que 10% d'intentions de vote au premier tour de l'élection présidentielle, très loin derrière François Fillon (27,5%).
Pas de décollage donc: il reste vissé à la cinquième place, derrière également Marine Le Pen, Emmanuel Macron et Jean-Luc Mélenchon. Mais Manuel Valls reste le candidat socialiste le mieux placé, devant ses rivaux de la primaire Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, crédités de 6 et 4% en cas d'investiture.
Si les précédents échecs de Jacques Chirac en 1988, Edouard Balladur en 1995 et Lionel Jospin en 2002 ont montré la difficulté de cumuler Matignon et candidature à la présidentielle, Manuel Valls doit désormais prouver que le modèle de la "liberté" est une meilleure piste. Le seul précédent Georges Pompidou, aux confins des années 60, ne lui sera guère utile.
Manuel Valls a placé sa déclaration sous le signe de la "réconciliation". Il a rangé au rayon du passé les "mots durs", les "incompréhensions" et ses propos polémiques ("positions irréconciliables" avec Mélenchon, "expliquer c'est un peu excuser" sur les attentats, etc.)
Pas question de se lancer dans une guerre sale pour une primaire qui a lieu dans sept semaines seulement (22-29 janvier), alors que les sondages promettent une élimination de la gauche au premier tour de la présidentielle fin avril.
"La gauche est challenger, on est 4e ou 5e, donc il faut faire attention", résume un vallsiste.
Mercredi, Manuel Valls entamera une campagne qui se veut de "terrain" dans le Doubs, terre industrieuse de l'Est. Il participera à un meeting à Audincourt, théâtre d'un duel serré entre le PS et le FN à une législative partielle en 2015, finalement emporté par le socialiste Frédéric Barbier.
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