Au milieu de tout ce malheur, une décision a été prise jeudi pour apporter un peu de consolation à ce petit club brésilien, apparu sur la carte du football mondial après l'accident aérien qui a fait 71 morts: Chapecoense est proclamé vainqueur de la Copa Sudamericana par la Confédération sud-américaine de football (Conmebol).
Outre la dotation réservée au champion, environ 4 millions de dollars, cette décision symbolique propulse la petite formation brésilienne en Copa Libertadores, l'équipe victorieuse de Copa Sudamericana étant qualifiée pour l'équivalent latino-américain de la Ligue des champions européenne.
Le président en exercice du Chapecoense, Ivan Tozzo, a salué "une décision juste" et remercié la Conmbebol pour "son bel hommage".
Mais tout reste à faire. L'épopée sud-américaine du Chapecoense cette saison s'est brisée dans la nuit du 28 au 29 novembre contre les montagnes colombiennes. Après des décennies d'anonymat, le club fondé il y a 43 ans était en route pour une finale continentale historique contre le grand Atletico Nacional de Medellin.
"Nous avons perdu pratiquement toutes nos valeurs. Tout ce que nous avions obtenu, nous allons devoir repartir de zéro", a résumé M. Tozzo.
Au lendemain du crash, il a dû reprendre les rênes du club qu'il avait remis à flot avec le président Sandro Pallaoro, décédé dans l'accident.
A partir de cette semaine "nous allons devoir commencer à nous demander pourquoi nous n'avons pas onze joueurs à aligner. Nous allons avoir besoin du soutien de tous les clubs et principalement de la CBF (Fédération brésilienne) et de Globo", la chaîne qui détient les droits TV, a-t-il ajouté.
La menace de l'oubli
Après le drame, les messages de soutien et promesses d'aide ont afflué du monde entier. En moins de deux jours, 13.000 demandes d'adhésion ont été envoyées au "Verdao" qui comptait jusque-là 9.000 membres.
Au Brésil, plusieurs grands clubs, dont le champion Palmeiras, Fluminense et Botafogo, ont annoncé qu'ils prêteraient gratuitement certains joueurs au Chapecoense pour la saison 2017. Ils ont également demandé à la CBF de ne pas reléguer le club en seconde division nationale pendant les trois prochaines années, pour lui laisser le temps de renaître de ses cendres.
Le nom de Ronaldinho Gaucho, ancienne idole de la Seleçao brésilienne, a circulé sur les réseaux sociaux pour rejoindre les rangs du "Chape". Son ancien coéquipier à Barcelone, l'Islandais Eidur Gudjohnsen, a aussi assuré que, "par respect", il "jouerait pour Chapecoense s'ils avaient une place" pour lui. "Ne serait-ce que pour jouer à nouveau avec Ronaldinho", écrit-il sur Twitter dimanche.
Car malgré la tragédie, le calendrier du football brésilien continue. Un contre-la-montre débute donc pour Chapecoense afin de bâtir une équipe en deux mois à peine.
Le défi est autant sur le terrain que dans les vestiaires, où il faudra composer avec le vide laissé par les 19 joueurs disparus.
Pour repartir, "l'Ouragan", pourra compter sur les dix footballeurs qui n'étaient pas du voyage à Medellin et l'équipe jeune.
Mais le principal ennemi reste l'oubli. "J'espère que les promesses seront tenues, mais je n'y crois pas. Au moment du deuil, tout le monde veut aider, mais après, tout retombe dans l'oubli", juge Gilberto Escher, vendeur de 46 ans présent dans le stade pour l'hommage aux joueurs.
Illusion perdue
La douloureuse reconstruction pourrait prendre des années.
Ce fut le cas du Torino, champion d'Italie au milieu du siècle dernier. Le 4 mai 1949, l'avion transportant l'équipe s'écrase sur une colline au nord du pays. Tous les occupants sont carbonisés, dont 18 joueurs. Il fallut près de 30 ans pour que cette formation remporte un nouveau trophée.
Manchester United mit une décennie à s'imposer en Coupe d'Europe après le désastre aérien de Munich: le 6 février 1958, huit joueurs de l'équipe championne d'Angleterre font partie des 23 victimes d'un accident au décollage en Allemagne.
Près de six décennies plus tard, le stade d'Old Trafford continue de rendre hommage tous les 6 février à ses martyrs.
Dans le sud du Brésil, seul le temps pourra éclaircir l'horizon du Chapecoense.
"Ce qui est arrivé à l'équipe était inimaginable. Nous sommes en train de pleurer les personnes, mais le club va trouver des forces pour être encore plus grand", promet Gleison Loraschi, architecte de 30 ans, en disant adieu à ses idoles.
"Je vais continuer à venir à tous les matchs, mais désormais avec encore plus de passion et d'envie d'aider que jamais", assure-t-il.
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