Avant même la mort de son aîné le 25 novembre, Raul Castro l'avait annoncé: il passera la main à la jeune génération en février 2018, lors du prochain congrès du Parti communiste cubain (PCC). Au cours de cette grand messe du parti unique sera désigné le garant de la continuité de l'un des derniers régimes communistes de la planète, en place depuis 1959.
Premier vice-président du Conseil d'Etat, organe suprême du pouvoir cubain, depuis 2013, Miguel Diaz-Canel fait aujourd'hui figure de dauphin désigné.
Grand, discret et affable, cet homme de 56 ans aux cheveux poivre et sel est originaire de la province de Villa Clara (centre) et a gravi pas à pas les échelons du tout-puissant PCC.
Professeur d'université au début de sa carrière, cet ingénieur électronique est rapidement devenu un cadre important du Parti et a fait son entrée en 2003 parmi les quinze membres du bureau politique, fonctions indispensables à tout aspirant au pouvoir.
En mai 2009, Raul Castro, qui a hérité trois ans plus tôt du pouvoir de son frère Fidel malade, le rappelle à La Havane pour lui confier le poste de ministre de l'Education supérieure, puis en mars 2012 il accède à l'une des huit vice-présidences du conseil des ministres.
Ne manquait alors que sa présence au sein du Conseil d'Etat, où il est spectaculairement entré en accédant directement au poste de premier vice-président, reléguant au rang de simple vice-président son prédécesseur, le vieux compagnon de route des frères Castro José Ramon Machado Ventura, 86 ans.
Depuis plusieurs années, cet homme qu'on dit affable et proche du peuple, quoique peu souriant et au talent d'orateur relatif, multiplie les missions à Cuba et à l'étranger, avec pour représenter Raul Castro.
Dans les arcanes du pouvoir cubain, sa qualité de "civil" et son goût pour les jeans détonnent, et il a su se donner une image moderne en se faisant l'avocat d'une ouverture accrue de l'île à internet et d'une presse plus critique.
Jeunes loups
Outre Miguel Diaz-Canel, le saint des saints du pouvoir cubain s'est aussi ouvert ces dernières années à d'autres tenants de la nouvelle génération, parmi lesquels l'actuel ministre des Affaires étrangères Bruno Rodriguez, qui fut l'un des acteurs des rapprochements conduits avec les Etats-Unis et l'Union européenne.
Signe qui ne trompe pas à Cuba, le ministre âgé de 58 ans était cette semaine le seul représentant de cette génération - avec Miguel Diaz-Canel - à accompagner le départ des cendres de Fidel Castro aux côtés de ses proches et de la vieille garde du régime à La Havane.
Autre "jeune" loup du régime, Marino Murillo, économiste de 55 ans, est, lui, chargé des réformes économiques cruciales pour l'avenir du pays, alors que dans l'ombre, le fils unique de Raul Alejandro Castro Espin, 51 ans, devient de plus en plus incontournable au ministère de l'Intérieur.
Ces aspirants observent un profil bas. Il ont retenu la leçon donnée aux anciens vice-président Carlos Lage et ministre des Affaires étrangères Felipe Perez Roque, déchus du jour au lendemain en 2009 pour avoir commis le crime d'avoir "cédé aux sirènes du pouvoir".
Miguel Diaz-Canel "a été un bon soldat dans l'ombre. Mais il a devant lui trois grands défis: composer avec les +historiques+, avec une génération qui veut des changements, et avec l'armée", affirme à l'AFP Christopher Sabatini, de l'université de Colombie.
Et nul doute qu'une fois qu'il sera aux commandes, Raul et les militaires, qui lui sont acquis, veilleront scrupuleusement au respect de la ligne définie.
"Il est difficile d'imaginer que Miguel Diaz-Canel deviendra immédiatement le leader incontesté de l'ensemble du système, car il n'a pas la stature pour dominer les forces armées. Mais l'appui de Raul et de (Jose Ramon) Machado peut" l'aider à s'imposer, juge Arturo Lopez-Levy, professeur à l'Université du Texas Rio Grande Valley.
S'il "ne voit pas de rival" à Miguel Diaz-Canel, Ted Piccone, spécialiste de l'Amérique latine du centre d'études américain Brookings, souligne de son côté qu'il devra rester vigilant, car "on a déjà vu par le passé des jeunes préparés à la succession être exclus du pouvoir".
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