Les restes de Fidel Castro, décédé il y a une semaine à 90 ans, seront inhumés dès les premières heures de la matinée au cimetière de Santa Ifigenia, dans la deuxième ville du pays, située sur la pointe orientale de l'île.
Ces funérailles, présentées comme "simples" par le président Raul Castro, qui a succédé à son frère en 2006, se tiendront en famille et en présence de quelques dignitaires cubains et étrangers triés sur le volet. Seules les caméras de la télévision d'Etat ont été autorisées à filmer la cérémonie.
Fidel Castro, qui a forgé le destin de son pays et défié la superpuissance américaine pendant près de 50 ans, reposera à côté du mausolée de José Marti, père de l'indépendance de Cuba, et d'autres héros nationaux enterrés dans cette nécropole.
Le cimetière est fermé aux visiteurs depuis plusieurs jours, entretenant le doute sur l'apparence de la future sépulture du "Comandante", qui avait cédé le pouvoir à son frère Raul en 2006 à la suite d'une grave opération intestinale.
Ces ultimes cérémonies scelleront la fin d'un deuil national de neuf jours décrété après le décès de Fidel Castro, au cours duquel les autorités et les médias d'Etat ont répété à l'envi que l'enjeu était désormais de pérenniser le legs du père de la révolution socialiste.
Samedi soir, Raul Castro a juré, devant les cendres de son frère, de "défendre la patrie et le socialisme", lors d'une cérémonie d'hommage tenue place de la Révolution Antonio Maceo de Santiago.
Fidel "a démontré que cela est possible, qu'on peut renverser tout obstacle, menace, soubresaut dans notre détermination à construire le socialisme à Cuba", a-t-il insisté.
Ni statue ni monument
Prenant de court beaucoup de Cubains, Raul Castro a aussi annoncé qu'aucun lieu ni monument ne porterait le nom de Fidel Castro à Cuba dans l'avenir.
"Le leader de la révolution rejetait toute manifestation du culte de la personnalité et a été constant dans cette attitude jusque dans ses dernières heures", a-t-il expliqué.
Pourtant selon Ted Piccone, spécialiste de l'Amérique latine au sein du think-tank américain Brookings, cela n'empêchera pas "sa mémoire de planer sur Cuba pendant longtemps".
"Considérant l'énorme impact qu'il a eu à Cuba et dans la région, il ne s'agit pas vraiment d'adieux", estime encore l'expert.
Mais après le décès de Fidel, tous les regards sont désormais braqués sur Raul Castro, qui depuis 10 ans mène une lente et timide ouverture de l'économie cubaine, et a été l'artisan d'un spectaculaire rapprochement avec les Etats-Unis et d'un retour progressif de Cuba dans le concert international.
Tous les "Fidélistes" interrogés à Santiago par l'AFP assurent faire confiance à Raul - qui se retirera en 2018 - et à ses successeurs pour perpétuer la révolution.
"J'ai confiance en Raul parce que Raul est le frère de Fidel, et Fidel lui a tout appris et tout légué", assure Irina Hierro Rodriguez, professeure de 23 ans.
"Aucune société n'est parfaite. Le concept de la révolution est de changer ce qu'il faut changer: si c'est pour perfectionner notre modèle économique, tant mieux", glisse de son côté Marta Loida, professeure d'université de 36 ans.
Depuis lundi, une série d'hommages ont eu lieu à La Havane, puis dans de nombreuses villes du pays traversées par le convoi qui a transporté les cendres du "Comandante" jusqu'à Santiago, ville portuaire sise au pied des montagnes de la Sierra Maestra, d'où la guérilla castriste a lancé la révolution qui l'a porté au pouvoir en 1959.
Massés par centaines de milliers au bord des routes, les Cubains ont aussi été incités à parapher dans chaque quartier, chaque village, des registres pour "jurer" de défendre l'héritage socialiste de celui qui restera pour les Cubains le "Commandant en chef".
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