Vice-président du parlement et cadre du Parti de la liberté (FPÖ), Norbert Hofer, 45 ans, défie l'écologiste libéral Alexander Van der Bellen, 72 ans, dans cette élection présidentielle dont le résultat ne sera pas proclamé avant lundi.
Bien que le rôle du chef de l'Etat autrichien soit essentiellement protocolaire, une élection de M. Hofer constituerait une nouvelle victoire pour le camp populiste, six mois après le Brexit et un mois après la victoire de Donald Trump aux Etats-Unis, et alors que l'Italie se prononce parallèlement sur une réforme constitutionnelle.
L'enjeu est "la direction que l'Autriche va prendre (...) comment nous voyons notre avenir (...) et comment nous voulons être vus par le monde", a résumé lors de sa dernière intervention M. Van der Bellen, un économiste libéral et pro-européen.
M. Hofer, dont le parti avait salué le Brexit et l'élection de Donald Trump, a pour sa part souligné que "l'Europe est dans une crise profonde" et a appelé les électeurs à "se débarrasser" d'un "système poussiéreux". Il n'a toutefois pas plaidé ouvertement pour un "Öxit", une sortie de l'Autriche de l'UE.
Quelque 6,4 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour ce scrutin qui débute à 07h00 (06h00 GMT) pour la majorité des bureaux de vote et qui s'achèvera à 17h00 (16h00 GMT), heure à partir de laquelle seront publiées les premières estimations.
Le ministère de l'Intérieur a indiqué que les résultats ne seraient pas proclamés avant lundi, jour où sera compté le vote par correspondance.
En mai, lors d'une première élection qui avait été annulée en raison de vices de procédure, le vote postal avait représenté pas moins de 16,7% des suffrages exprimés et avait massivement bénéficié à M. Van der Bellen, qui l'avait emporté sur le fil avec un peu moins de 31.000 voix d'avance.
L'inconnue de la participation
Une des inconnues du scrutin porte sur le taux de participation (72,6% le 22 mai) après une campagne à rallonge qui a soumis les candidats à près de onze mois d'exposition et de joutes médiatiques devenues acrimonieuses.
"Celui qui mobilisera le réservoir des abstentionnistes sera élu président", a affirmé Christoph Hofinger, de l'institut Sora.
Je vais aller voter cette fois, mais certainement pas une quatrième!", a confié une électrice viennoise, désabusée.
Si l'Autriche affiche des indicateurs économiques à faire pâlir d'envie la plupart de ses voisins européens, une partie de la population se sent menacée par le déclassement, par la crise des réfugiés et par l'effet de l'élargissement de l'UE à ses voisins de l'Est.
Evitant les dérapages ouvertement xénophobes qui ont longtemps été la marque de fabrique de son parti, fondé par d'ex-nazis en 1956, M. Hofer a axé son discours sur la protection sociale, le pouvoir d'achat et la défense de l'emploi.
A l'image d'autres partis populistes européens, le FPÖ se présente comme une alternative aux formations politiques traditionnelles, dont plusieurs ténors ont apporté leur soutien à M. Van der Bellen, l'ancien patron des Verts qui se présente sous l'étiquette d'"indépendant".
Au pouvoir depuis la guerre, les partis social-démocrate SPÖ et chrétien-démocrate ÖVP ont tous deux été éliminés dès le premier tour, du jamais vu.
Une élection de Norbert Hofer serait perçue comme un signe encourageant par les partis alliés du FPÖ au niveau européen, le Front national en France ou le parti pour la Liberté de Geert Wilders aux Pays-Bas, deux pays où se tiendront des élections législatives en 2017.
Samedi, les deux candidats ont publié des clips sophistiqués sur Facebook pour tenter de mobiliser les abstentionnistes.
M. Van der Bellen a plaidé auprès des électeurs pour qu'ils soient guidés "par la raison, pas (par) l'extrémisme" tandis que M. Hofer les a appelés à offrir une "Autriche sûre" pour leurs "enfants et petits-enfants".
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