"Si Hollande n'y va pas, dans la minute, je suis candidat", confiait à ses proches le locataire de Matignon en octobre.
Or, au lendemain du renoncement présidentiel, le Premier ministre se garde bien de se précipiter, soucieux de ne pas apparaître comme un opportuniste et d'apaiser les rancoeurs de certains.
"Il y a une décision grave qui a été prise, il ne faut pas se précipiter", résume un de ses proches. Consigne a été passée dans la "Vallsie", en mode discret depuis le déjeuner Hollande-Valls du 28 novembre, de ne pas fanfaronner.
En déplacement à Nancy vendredi, le Premier ministre s'est contenté de deux petites allusion à ses ambitions présidentielles.
Promettant de "défendre le bilan" du quinquennat Hollande, il a de nouveau rendu hommage à la décision du président: un choix "longuement et mûrement réfléchi, nul ne peut en douter", a-t-il dit, semblant répondre à ceux persuadés que c'est son ultime menace de se présenter face à François Hollande qui a fait fléchir le président.
"J'ai mis un pied dans la porte, et il faut maintenant s'y engouffrer", a-t-il lancé un peu plus tard dans un second discours devant les élus locaux... en parlant de décentralisation.
En dehors de ces petites touches, le Premier ministre a fait profil bas. Alors qu'il était programmé samedi pour clore à Paris la réunion de la "Belle alliance populaire" cornaquée par le Parti socialiste, il y a finalement renoncé, pour ne pas en faire un exercice partisan.
Après un échange vendredi, le Premier ministre et le patron du PS Jean-Christophe Cambadélis, sont convenus "qu'il était plus conforme au but de la Convention nationale de la Belle Alliance Populaire contre la droite et François Fillon, que Manuel Valls n'y prenne pas la parole", a fait savoir la rue de Solférino.
'Il a savonné la planche'
Dans une gauche plus que divisée, et une primaire très ouverte, le Premier ministre se doit d'éviter de nouvelles contre-offensives ou candidatures susceptibles de contrecarrer sa campagne.
Les armes auxquelles pourrait recourir un camp du "Tout sauf Valls" ne manquent pas: une candidature à la primaire de Christiane Taubira, voire de Najat Vallaud-Belkacem ou Ségolène Royal. Une offensive du camp de Martine Aubry. Ou encore des ralliements de "hollandais" à Emmanuel Macron.
Une éventuelle vengeance pilotée par les partisans de François Hollande aurait des effets encore plus dévastateurs pour la campagne de rassemblement qu'espère Manuel Valls.
"Le +hollandais+ est imprévisible, sectaire, mais darwiniste quand même", se rassure un vallsiste, misant sur l'instinct de survie politique des proches du chef de l'Etat.
Pour autant, le plus difficile reste à venir pour le Premier ministre. "Il va commencer à faire froid pour lui", grince un proche du président à l'Elysée.
"Le Premier ministre a achevé politiquement le président de la République par sa pression, avec le psychodrame de la semaine dernière. Sous ses airs de loyauté, il a savonné la planche au président", accusait pour sa part vendredi le député socialiste Yann Galut, l'un des soutiens d'Arnaud Montebourg pour la primaire.
L'enjeu pour Manuel Valls est sans doute de s'assurer du "marais" des parlementaires légitimistes.
"Il n'y a pas de transfert de légitimité automatique", a relevé Pierre Moscovici, commissaire européen aux Affaires économiques, un proche du chef de l'État.
Un certain nombre de parlementaires et de ministres "ne souhaitent pas se jeter dans les bras de Manuel Valls", rapporte l'un d'eux. "En même temps je ne me fais pas trop d'illusions. L'essentiel - Bartolone, Cambadélis, Le Roux... - va aller derrière Valls. Plusieurs ont envie d'aller chez Macron mais ne voient pas le chemin", explique-t-il encore.
Un +Tout sauf Valls+ "va être la tentation de certains", mais je "rejette a priori le +tout sauf+, quel que soit celui qui en est l'objet", explique un autre.
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