"C'est un moment très important dans l'histoire de notre sport": le président de l'IAAF Sebastian Coe s'est voulu solennel après le vote des membres de l'instance réunis en Congrès extraordinaire à Monaco.
L'heure est grave en effet pour une organisation qui n'en finit pas de se débattre avec les scandales à répétition. Il y a d'abord eu les révélations concernant un vaste système de dopage d'Etat en Russie, suspendue et privée des JO de Rio. Puis, dans la foulée, l'implication de hauts responsables de l'IAAF, soupçonnés d'avoir couvert ces agissements en échange d'argent, au premier rang desquels l'ancien président Lamine Diack, poursuivi pour corruption et blanchiment aggravé, et son fils Papa Massata Diack qui fait l'objet d'un mandat d'arrêt international lancé par la justice française. Face à ce climat délétère, la réponse de la Fédération internationale se veut à la hauteur des enjeux.
La nouvelle entité indépendante ainsi créée devrait gérer l'ensemble des questions relatives au dopage et à l'intégrité des acteurs de l'athlétisme. Elle aura la responsabilité de la réalisation des tests, des enquêtes et de la promulgation des résultats pour tous les athlètes de niveau international et leur encadrement personnel.
Les autres mesures approuvées par 180 fédérations nationales (10 ont voté contre et 5 bulletins n'ont pas été validés) comprennent notamment une limitation des mandats du président à 12 ans et la parité entre hommes et femmes parmi les 26 membres du Conseil de l'IAAF (le gouvernement de l'instance, ndlr) à partir de 2023, avec la nomination de deux vice-présidents de chaque sexe.
Geste audacieux
Symbole toutefois du travail qui reste à mener dans ce domaine: seulement 3 femmes ont pris la parole devant le Congrès, sur les 42 interventions effectuées avant le vote sur les réformes. Celles-ci ont d'ailleurs été rejetées par l'Arabie saoudite et le Qatar, hôte des Mondiaux d'athlétisme en 2019, et lui aussi sous le coup d'accusations de corruption pour l'obtention de cette épreuve.
Le quotidien français Le Monde a révélé le 25 novembre le versement par le fonds d'investissement Qatar Sports Investments (QSI) de près de 3,5 millions de dollars (2,5 M EUR de l'époque) à la société de marketing sportif Pamodzi Sports Consulting, dirigée par Papa Massata Diack, quelques semaines après l'annonce de la candidature de Doha pour les Mondiaux-2017, finalement attribués à Londres.
Fin octobre, la Fédération internationale avait indiqué qu'elle ne pousserait pas son enquête sur les accusations de corruption visant le Qatar, une enquête préliminaire n'ayant pas apporté de preuve pertinente.
Malgré ces couacs, la matinée a été une réussite pour Seb Coe. "Je n'aurais pas réclamé des changements si je ne pensais pas que nous en avions besoin. Je veux des vérifications. Je ne veux pas être dans un bureau à choisir la moquette tout en étant déconnecté des dépenses", a-t-il lancé après le vote.
L'ancienne star du demi-fond britannique (double champion olympique du 1500 m) a surtout reçu l'onction de la superstar de l'athlétisme, Usain Bolt: "Je sais que Sebastian Coe est en train de rendre l'athlétisme plus transparent. C'est un geste audacieux de sa part. Cela permettra d'augmenter la confiance des gens dans ce sport."
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