"C'est pour arrêter la pluie, si on ne creuse pas des rigoles, elle ne va pas arrêter de s'infiltrer", explique l'Irakien de 35 ans, en s'aidant d'une pelle pour consolider ses digues artisanales.
Quelque 74.000 personnes ont été forcées de fuir leur foyer depuis le début le 17 octobre de l'offensive lancée par des dizaines de milliers de soldats irakiens pour reprendre Mossoul, dernier grand bastion du groupe Etat islamique (EI) dans le pays.
Hébergés sous des tentes en plastique blanc, les déplacés souffraient déjà depuis quelques jours de la chute des températures au-dessous de zéro, une fois la nuit tombée.
Mauvais coup du sort, mercredi soir, les premières grosses tempêtes de la saison hivernale se sont abattues sur la région.
Jeudi matin, au camp de Khazir, certaines familles se sont réveillées sur des matelas de mousse imbibés d'eau boueuse.
"Nous sommes maudits", se lamente Samar Lafi, âgée d'une trentaine d'années.
"On n'allume pas le chauffage, on préfère utiliser la paraffine qu'on nous donne pour cuisiner", explique cette mère de deux enfants, déplacée deux fois déjà depuis la conquête en 2014 de vastes pans de territoire par les jihadistes.
Dans les allées du camp, qui s'étend sur plus d'un kilomètre, hommes et femmes pataugent dans la boue. Certains ont recouvert leurs chaussures de sacs en plastique en guise de protection.
Boue dans les tentes
Un groupe d'enfants a décidé de prendre son parti de la météo peu clémente, jouant dans de grandes flaques d'eau qui parsèment les rues.
"L'eau est entrée dans les tentes. L'intérieur des tentes est complètement boueux. Il aurait fallu les construire sur un sol en dur", se désole Waddah Abdelhadi, 28 ans, prédisant que le pire reste à venir, "quand il va se mettre à geler".
Selon le directeur du camp, Babreddine Najmeddine, quelque 6.000 chauffages d'appoint ont été distribués sur le camp ces deux derniers jours.
L'hiver est rude dans le nord de l'Irak. Il y neige même par endroits, notamment dans la région du Kurdistan qui accueille une grande partie des plus de trois millions de déplacés irakiens.
Pour les centaines de milliers de civils restés chez eux à Mossoul, où les combats font rage, le quotidien n'est pas moins brutal.
L'ONU a prévenu mercredi que près d'un demi-million d'habitants étaient victimes d'une pénurie d'eau potable, une situation qui pourrait avoir des "conséquences catastrophiques".
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