Alors que le régime du président syrien Bachar al-Assad semble proche de sa plus grande victoire depuis le début du conflit en 2011, une réunion urgente du Conseil de sécurité de l'ONU, réclamée par la France qui dénonce une "catastrophe humanitaire", se tiendra mercredi matin à New York (Etats-Unis), selon des diplomates.
L'armée syrienne et les milices qui la soutiennent se sont emparées de plus de 30% du territoire rebelle ces trois derniers jours dans la deuxième ville du pays, principal enjeu du conflit qui a fait plus de 300.000 morts en plus de cinq ans.
Cette avancée rapide a provoqué la fuite d'Alep-Est, aux mains des rebelles, de près de 20.000 personnes ces dernières 72 heures, a annoncé le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Cet exode s'est poursuivi mardi, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a fait état de combats dans plusieurs quartiers. Dix civils ont été tués par un bombardement dans l'un d'entre eux.
Selon l'ONU, 10.000 habitants ont rejoint Alep-Ouest, contrôlé par le régime, tandis que 4.000 à 6.000 ont trouvé refuge dans un quartier Nord aux mains des forces kurdes.
Des milliers d'autres familles fuient vers les quartiers méridionaux d'Alep-Est toujours contrôlés par les rebelles mais doivent affronter le froid et la faim, selon un correspondant de l'AFP.
'Descente aux enfers'
La situation est "alarmante et effrayante", a résumé le patron des opérations humanitaires de l'ONU, Stephen O'Brien. Outre "l'intensification des combats au sol et les bombardements aériens aveugles", plus aucun hôpital ne fonctionne et "les stocks alimentaires sont pratiquement épuisés".
"C'est une lente descente aux enfers", a renchéri Bettina Luescher, porte-parole du Programme alimentaire mondial (PAM).
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault doit recevoir mercredi à Paris le président du conseil local d'Alep, Brita Hagi Hassan.
L'armée syrienne mène depuis le 15 novembre une nouvelle offensive sur Alep-Est qui a brisé les défenses rebelles, incapables de résister à la puissance de feu déployée par Damas et ses alliés étrangers (Russie et Iran).
L'offensive a provoqué la mort de plus de 250 civils en près de 15 jours à Alep-Est, selon l'OSDH. Les rebelles ont parallèlement tué au moins 40 civils en bombardant les zones gouvernementales d'Alep-Ouest.
A Alep-Est, "il n'y a ni nourriture, ni eau, ni abri, ni moyens de transport", a résumé Ibrahim Abou Laith, porte-parole des Casques blancs, les secouristes du secteur rebelle.
Une chute totale d'Alep-Est infligerait aux groupes insurgés leur pire défaite depuis 2011 et permettrait au régime de se lancer dans la conquête d'autres villes qui lui échappent, comme Idleb (nord).
Soldats turcs disparus
Le régime tente également de se débarrasser des rebelles autour de Damas. Au moins 1.200 personnes, des insurgés et leurs familles, ont été évacuées depuis lundi soir de l'un des derniers bastions des insurgés à l'ouest de la capitale, selon des ONG.
A l'instar d'autres opérations similaires, les personnes évacuées de Khan al-Chih ont été conduites dans une province aux mains des rebelles.
La guerre en Syrie est devenue de plus en plus complexe depuis 2011, avec l'intervention de multiples acteurs, comme les grandes puissances ou des groupes jihadistes, notamment le groupe Etat islamique (EI).
La coalition internationale menée par Washington qui lutte contre l'EI a reconnu mardi avoir bombardé par erreur des forces loyalistes en septembre près de Deir Ezzor, une ville de l'Est divisée entre secteurs aux mains de l'EI et quartiers contrôlés par le régime.
L'EI est également présent dans le Nord, près de la frontière avec la Turquie où le groupe extrémiste est combattu par l'armée turque. Cette dernière a annoncé mardi soir avoir perdu tout contact avec deux soldats en Syrie, dont l'agence de presse affiliée à l'EI a revendiqué l'enlèvement.
La France et le Royaume-Uni ont par ailleurs annoncé qu'ils allaient soumettre à leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution prévoyant des sanctions contre des responsables syriens coupables d'avoir utilisé des armes chimiques.
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