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"Chemise arrachée": verdict pour les "15 d'Air France"

Les images de deux dirigeants d'Air France, l'un torse nu, l'autre la chemise en lambeaux, avaient fait le tour du monde: quinze salariés de la compagnie aérienne, jugés pour violences et dégradations, sont fixés mercredi sur leur sort.

"Chemise arrachée": verdict pour les "15 d'Air France"
Chemise arrachée, le directeur des ressources humaines d'Air France Xavier Broseta tente de fuir un mouvement de foule, le 5 octobre 2015 à Roissy-en-France - KENZO TRIBOUILLARD [AFP/Archives]

Fin septembre, le procureur de la 14e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny avait requis de deux à quatre mois de prison avec sursis contre cinq des prévenus, soupçonnés de violences, et une amende de 1.000 euros contre les dix autres, mis en cause pour des dégradations.

Le tribunal doit rendre son jugement à 10H00.

5 octobre 2015. Dans un contexte social tendu, la direction présente aux représentants du personnel un plan de restructuration qui menace 2.900 emplois. Au siège d'Air France, sur le site de l'aéroport parisien Roissy-Charles-de-Gaulle, la tension grimpe d'un coup.

Alors que plus de 2.000 salariés de l'entreprise manifestent, une centaine d'entre eux parviennent à forcer la grille d'accès. Dans un mouvement de foule, deux directeurs sont malmenés, ainsi que des vigiles chargés de leur protection.

Xavier Broseta, le DRH d'Air France à l'époque, et Pierre Plissonnier, le responsable du long-courrier, avaient dû fuir sous les huées, torse nu pour le premier, la chemise en lambeaux pour le second.

Vues "1,4 milliard de fois dans le monde entier" et particulièrement "humiliantes" pour les intéressés, les images des deux cadres escaladant un grillage pour échapper à leurs assaillants avaient fait le tour du monde. Et terni un peu plus la réputation de la France en matière de dialogue social.

Pour le procureur, "ce n'était pas une opération syndicale" mais une "opération de casseurs, puis de voyous", un terme également employé par le Premier ministre, Manuel Valls, pour qualifier les militants syndicaux, en majorité CGT, ayant pris part à ces incidents.

A l'issue du procès, certains prévenus avaient fait part de leur sentiment d'injustice. Car, comme l'avait reconnu le parquet, tous les auteurs des violences n'ont pu être identifiés sur les vidéos.

'Boucs émissaires'

"Les gens qui ont arraché la chemise ne sont pas présents aujourd'hui", avait affirmé Vincent Martinez, seul délégué du personnel (CGT) à avoir été licencié. Avant le délibéré, il a dit à l'AFP être "serein", avoir "confiance en la justice française" et confié être "pressé de passer à autre chose".

"Ce qu'on attend de voir, c'est si on a vraiment une justice indépendante", a indiqué à l'AFP Miguel Fortea, secrétaire général de la CGT Air France. "Le dossier est vide. S'il était étayé, il y aurait eu des sanctions +exemplaires+", a-t-il assuré.

Avocate de 12 prévenus, Me Lilia Mhissen avait dénoncé tout au long du procès "un dossier bâclé" où dominerait la volonté de trouver à tout prix des "boucs émissaires".

Une thèse battue en brèche par les avocats des parties civiles, pour qui "les infractions" sont "clairement imputables aux personnes poursuivies".

Les prévenus "n'ont pas été pris au hasard", avait affirmé Me Frédérique Beaulieu, le conseil de Xavier Broseta.

Lors du procès, prévenus et témoins de la défense étaient largement revenus sur le contexte de ces violences. L'annonce d'un nouveau plan de restructuration, alors que 10.000 postes avaient déjà été supprimés entre 2005 et 2015, avait été très mal vécue par des salariés qui estimaient avoir déjà fait beaucoup d'efforts.

Pour la première fois, les syndicats redoutaient des licenciements secs, en particulier au sein du personnel au sol, dont les prévenus sont issus.

Il n'empêche: la violence sociale ne peut justifier la violence physique, avaient dénoncé les parties civiles, unanimes pour fustiger le procédé consistant à "ériger les victimes en coupables".

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