C'est l'un des bâtiments les plus visités de Rouen (Seine-Maritime). L'aître Saint-Maclou va être totalement réhabilité. Avant de restaurer ses murs, il fallait en explorer les moindres recoins. Pendant des mois, historiens et archéologues ont passé au crible l'aître Saint-Maclou. Samedi 26 novembre 2016, ils présentaient aux Rouennais les résultats de leurs recherches.
Les squelettes racontent le passé des Rouennais
Les fouilles ont notamment permis de mettre à jour de nombreux squelettes, enterrés à seulement 60 centimètres sous le plancher de l'aître, qui a longtemps servi ce cimetière paroissial. "Nous avons trouvé des squelettes partout, pour la plupart ceux de très jeunes enfants, détaille Aminte Thomann, anthropologue. Ils témoignent de très mauvaises conditions sanitaires, notamment des carences alimentaires."
Près du calvaire, une accumulation de corps, plus importante et plus profonde que sur le reste du site, a été découverte. "Ils ont été empilés dans un temps très proche, peut-être même dans la même journée, précise Aminte Thomann. Cela pourrait s'expliquer par une crise de subsistance ou une crise épidémique". Une crise qui pourrait être identifiée comme la grande peste noire de 1347-1348.
Les ossements ont été envoyés dans un laboratoire canadien où ils seront analysés et datés plus précisément. "Plus que l'histoire de l'aître, ces recherches nous livrent des informations sur la vie des Rouennais à l'époque", se félicite l'anthropologue.
Les secrets sortent aussi du bois
L'étude du bois de construction, menée par le dendrochronologue Yannick Le Digol, a permis de dater de façon très précise les évolutions du bâtiment. Alors que les archives indiquaient qu'un incendie avait ravagé toute une aile en 1758, "les prélèvements montrent que le bois d'origine, datant de 1650, a été conservé et que l'incendie est donc plus réduit que ce que l'on pensait".
Les historiens supposent qu'une fausse déclaration aurait permis d'obtenir des subventions pour poursuivre les travaux d'agrandissement. Car l'aître n'a cessé d'évoluer au fil des siècles. Les premières galeries voient le jour en 1527, puis s'y ajoutent progressivement des logements (1650), et une école, dans laquelle les enfants sont de plus en plus nombreux. "Des étages sont construits au XVIIIème siècle pour les accueillir, raconte Pol Vendeville, historien. Les travaux sont assurés en fonds propres par le curé de la paroisse et se font donc petit à petit".
L'ancêtre de l'école primaire
Et c'est justement cette histoire scolaire qui intéresse Sylvaine Leprince, conservatrice à la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles). L'aître est à ses yeux un exemple de "l'ancêtre des écoles primaires. Souvent destinés aux pauvres, ces bâtiments modestes sont rarement conservés, il est de ce point de vue tout à fait exceptionnel".
Tout l'enjeu est désormais de concilier les travaux de réaménagement - qui devrait commencer "à l'automne 2017 pour pouvoir animer, occuper le lieu à nouveau et donner à voir aux Rouennais dès le printemps 2019" précise Frédéric Sanchez, président de la métropole - et la préservation des découvertes.
Les travaux permettront de mettre en valeur les trésors de l'aître Saint-Maclou : une frise du XIXème siècle, la trace d'une ancienne porte, ou encore une inscription dont on ignorait jusqu'alors l'existence... "Nous avons trouvé quelque chose presque chaque fois que nous avons percé dans un mur", résume Elen Esnault, l'architecte des fouilles.
L'aître Saint-Maclou pourrait devenir une "pépinière d'artistes" où des lieux d'exposition mettraient en valeur ces découvertes du passé rouennais.
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