Après un week-end d'offensive de Manuel Valls et avant leur tête à tête hebdomadaire à 13H00 au déjeuner, le chef de l'Etat a intensifié le bras de fer l'opposant à son Premier ministre, réaffirmant, par la voix de ses soutiens, qu'il gardait bien la main pour décider s'il se lançait dans la compétition.
"Il n'y aura pas de primaire entre le président de la République et le Premier ministre", a ainsi affirmé sur Europe 1 le porte-parole du gouvernement Stéphane Le Foll, indéfectible soutien de François Hollande.
"Ca n'existe pas, ça ne peut pas s'imaginer sauf dans des esprits qui ont un petit peu tendance à confondre leur ressentiment personnel avec l'intérêt général", a également déclaré M. Le Foll, en réponse à l'hypothèse lancée samedi matin par le président (PS) de l'Assemblée nationale Claude Bartolone.
Ce dernier, égratigné dans le livre de confidences "Un président ne devrait pas dire ça...", a lancé un pavé dans la mare en évoquant un duel de l'exécutif, en marge d'une réunion de la gauche censée oeuvrer au rassemblement.
"Voir le quatrième personnage de l'Etat proposer une crise institutionnelle, mais où va-t-on", s'en est ainsi ému lundi matin le député Olivier Faure, porte-parole du PS.
Moins virulent mais tout aussi clair, le premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadélis a dressé le même constat sur France 2 en se prononçant "pour la primaire de toute la gauche, pas nécessairement avec la totalité de l'exécutif".
"Il n'est pas anormal que les socialistes, le président de la République comme le Premier ministre, s'interrogent sur la meilleure équation pour pouvoir gagner la présidentielle", a dit M. Cambadélis. "Mais ça ne peut pas être au prix d'une crise dans l'exécutif. Discussion oui, crise non", a-t-il ajouté.
"Rien d'irréparable"
Le premier secrétaire positive: "rien d'irréparable n'a été dit" entre les deux têtes de l'exécutif et une fois que François Hollande aura pris la décision, ou non, de se lancer dans la primaire, il n'y aura qu'"un seul candidat de la majorité du parti socialiste".
Et Stéphane Le Foll de rappeler lui aussi la préséance: Manuel Valls a "tout à fait la possibilité" d'être candidat, "mais à ce moment-là, il n'est plus Premier ministre", a sèchement souligné le ministre de l'Agriculture... à l'adresse de son supérieur hiérarchique.
Proche de Manuel Valls, le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement Jean-Marie Le Guen a tenté de désamorcer une situation explosive en jugeant sur LCI qu'il "n'y a pas de crise" au sein de l'exécutif, mais "un débat". "Le Premier ministre gouverne sous l'autorité du président de la République", a-t-il aussi réaffirmé.
Dans ce climat délétère, François Hollande ou Manuel Valls ne recueilleraient de toutes façons chacun que 9% des intentions de vote au premier tour de l'élection présidentielle selon un sondage Harris Interactive publié dimanche soir. De quoi alimenter l'inquiétude au sein du PS, à cinq mois de l'échéance, et même au-delà.
"Peut-être y a-t-il des pulsions suicidaires parfois chez certains de nos dirigeants", a ainsi déploré Olivier Faure sur LCP.
"Ce qui se passe en ce moment dans l'exécutif n'est bon pour personne", a de son côté estimé sur RTL Laurent Wauquiez, président par intérim des Républicains. "Ca aboutit à une image d'affaissement surréaliste (...) Je leur dis: ressaisissez-vous! Il reste cinq mois, ça ne peut pas aller jusqu'au bout."
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