La grogne populaire est montée d'un cran jeudi, lorsque la Chambre des députés a tenté de voter un texte visant à amnistier les délits de financement occulte des campagnes électorales, avant de faire marche arrière.
Lors d'une conférence de presse, convoquée de manière inhabituelle un dimanche, le chef de l'Etat a tenté de rassurer les Brésiliens sur sa volonté de combattre la corruption en annonçant qu'il opposerait son veto à un texte de cette nature.
"Il serait impossible pour le président de la République d'approuver quelque chose de cette nature", a déclaré Michel Temer, assis au côté des présidents de la Chambre des députés et du Sénat, MM. Rodrigo Maia et Renan Calheiros.
"Nous sommes tous d'accord sur le fait qu'il n'existe pas la moindre base" légale à ce texte, a-t-il poursuivi.
Le climat politico-judiciaire est à nouveau très tendu au Brésil où plusieurs membres du Congrès sont soupçonnés d'être liés au scandale Petrobras et après la destitution très controversée en août de l'ex-présidente de gauche Dilma Rousseff.
D'autant que le pays peine à sortir de la profonde récession économique dans laquelle il est embourbé depuis fin 2014.
Les déclarations de Michel Temer interviennent alors que l'ex-président du plus grand groupe de BTP de ce pays, Marcelo Odebrecht, et des dizaines de cadres de son entreprise sont sur le point de boucler un accord de collaboration avec la justice dans l'explosif dossier de corruption Petrobras.
Des dizaines de parlementaires et de personnalités politiques de premier plan et de tous bords seraient mises en cause dans les confessions encore tenues secrètes de l'empire Odebrecht.
Le plus grand groupe de BTP et d'ingénierie d'Amérique latine dirigeait un cartel d'entreprises brésiliennes de BTP qui truquaient les appels d'offres lancés par Petrobras pour de juteux marchés de sous-traitance, moyennant versement de commissions à des dirigeants du groupe pétrolier et de pots-de-vin à la classe politique.
Le président Temer fragilisé
En outre, la démission vendredi d'un ministre-clé du gouvernement brésilien, Geddel Vieira Lima, dénoncé pour trafic d'influence a relancé de plus belle la crise politique au Brésil et fragilisé le président Temer, accusé d'avoir exercé des pressions dans une affaire patrimoniale privée.
Cette affaire qui implique ce ministre démissionnaire a éclaté lorsque son collègue de la Culture Marcelo Calero a claqué la semaine dernière la porte du gouvernement en mettant en cause M. Vieira Lima.
M. Calero l'a accusé d'avoir exercé sur lui des pressions pour qu'il demande à l'Institut du Patrimoine historique (Iphan), dépendant de son ministère, d'approuver un projet immobilier à Salvador de Bahia (nord-est) où M. Vieira Lima possède un appartement.
Dans des déclarations à la police fédérale, M. Calero a en outre nommément accusé Michel Temer de l'avoir pressé de régler cette affaire en faveur de M. Vieira Lima, affirmant détenir un enregistrement du président, selon les médias locaux.
L'opposition de gauche a annoncé qu'elle étudiait la possibilité de déposer une demande de destitution contre M. Temer.
"Un ministre qui enregistre le président de la République, c'est très grave", a déclaré dimanche le chef de l'Etat, qui se défend de toute intervention.
Ex-vice-président, Michel Temer a succédé fin août à la présidente de gauche Dilma Rousseff, destituée par le Parlement pour maquillages des comptes publics, au terme d'une procédure très contestée de plusieurs mois.
Dimanche, le président Temer a également assuré qu'il voulait laisser derrière lui cette polémique et se concentrer sur le vote de son projet phare de limitation des dépenses publiques pendant 20 ans. Un texte déjà adopté par les députés et qui doit être examiné à partir de mardi par les sénateurs.
C'est la première d'une série de mesures d'austérité pour tenter de sortir le pays de la pire crise économique en un siècle.
"Nous allons proposer des réformes pour que le Brésil sorte de la récession. Nous allons relancer l'industrie, les affaires et l'agro-industrie", a-t-il promis.
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