Si les caciques républicains ont tapé ce week-end à bras raccourci sur le "tyran" Fidel Castro, mort vendredi, aucun n'a clairement menacé de mettre fin à la politique d'ouverture annoncée le 17 décembre 2014 par le président Obama et son homologue cubain Raul Castro.
Mais l'entourage de Donald Trump a mis en garde dimanche: l'administration sortante démocrate a fait trop de concessions aux castristes -- notamment en allégeant l'embargo économique américain de 1962 -- sans contreparties de La Havane sur les droits de l'homme, la démocratie ou l'économie de marché.
"Nous devons obtenir un meilleur accord", a ainsi lancé sur la chaîne Fox le futur secrétaire général de la Maison Blanche, Reince Priebus. "Répression, ouverture des marchés, liberté religieuse, prisonniers politiques: ces choses doivent changer pour que l'on ait une relation ouverte et libre, c'est ce que pense le président élu Trump", a averti le président du parti républicain.
M. Priebus s'est engagé à ce qu'"il n'y ait pas une relation en sens unique des Etats-Unis vers Cuba, sans action du gouvernement Castro".
'Rien en retour'
La conseillère de Donald Trump, Kellyanne Conway, a aussi condamné l'administration Obama pour n'avoir "rien obtenu en retour" depuis le rétablissement des relations diplomatiques avec La Havane à l'été 2015.
"Le président Trump pourra rouvrir de nouvelles discussions avec Cuba, mais cela devra être avec une Cuba très différente", a martelé sur ABC cette proche du prochain président, rappelant "les victimes de la répression et des actes de torture de Fidel Castro".
Même le sénateur républicain de Floride Marco Rubio est resté évasif lorsque la chaîne CBS l'a interrogé sur une éventuelle abrogation des décrets présidentiels de M. Obama sur l'ouverture vers Cuba.
"Il y a des éléments fondamentaux plus importants que d'autres, on va tous les examiner", a répondu le candidat malheureux à la primaire républicaine.
Ce fils d'immigrés cubains anticastristes n'est "pas contre des changements dans la politique des Etats-Unis à l'égard de Cuba" mais il veut "juste être sûr qu'il y ait réciprocité de la part du gouvernement cubain".
Si les proches du 45e président des Etats-Unis ont donc pris soin de ne pas insulter l'avenir sur le dégel avec La Havane, ils s'en sont en revanche donné à coeur joie contre le "Lider Maximo": un "dictateur (qui) a 60 ans de sang sur les mains", a tonné Mme Conway.
Donald Trump l'avait traité samedi de "dictateur brutal qui a opprimé son peuple". Dans un communiqué, il avait dénoncé "l'héritage de Fidel Castro (...) les pelotons d'exécution, le vol, des souffrances inimaginables, la pauvreté et le déni des droits de l'homme".
Le 'tyran Castro'
Le futur vice-président des Etats-Unis Mike Pence avait salué à sa manière dans un tweet la mort à l'âge de 90 ans du "tyran Castro".
Mais sur sa politique cubaine, Donald Trump entretenait déjà le flou lorsqu'il était candidat à la présidentielle.
Le milliardaire avait soutenu le rapprochement début 2015, mais, une fois en campagne, il avait été plus sceptique, déplorant déjà que Barack Obama n'ait rien obtenu en échange des assouplissements à l'embargo. En octobre, il avait même affirmé qu'il ferait "tout pour obtenir un accord solide" avec La Havane.
La disparition du père de la Révolution cubaine, qui aura défié la superpuissance américaine sous 11 présidents, survient en pleine transition du pouvoir à Washington.
Barack Obama, qui quittera la Maison Blanche le 20 janvier, n'a pas vraiment critiqué Fidel Castro dans un communiqué de condoléances samedi: il l'a qualifié de "figure singulière" dont "l'Histoire jugera de l'impact énorme".
Lors de son voyage historique à Cuba en mars, le président américain sortant avait plaidé pour un processus de normalisation irréversible, tout en concédant que le "changement ne se ferait pas du jour au lendemain".
"La meilleure approche pour l'administration Trump serait de conserver la politique d'engagement constructif du président Obama", conseille le chercheur Ted Piccone, dans un article de l'institut Brookings.
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