"On peut dire que c'est un dictateur, mais aussi que c'était un révolutionnaire. Mais c'est surtout une icône, le symbole d'une étape de l'Histoire et ses origines sont ici, à Lancara", explique Manuel Fernandez, un retraité de 60 ans habitant ce hameau de 2.700 âmes aux maisons dispersés sur les collines.
Installé dans un bar, Fernandez raconte les liens demeurés si forts entre Fidel Castro et Lancara, dont il est "l'enfant" et où il semblait omniprésent quelques heures après l'annonce de sa mort à 90 ans.
Fernandez garde le souvenir de l'arrivée, comme une apparition, du fondateur de la révolution cubaine, le 28 juillet 1992.
"Tu n'y crois pas jusqu'à ce que tu l'aperçoives avec sa Mercedes et toute sa délégation", se souvient l'ancien professeur.
"Tout le monde a son avis, mais tout le monde est fier que Fidel Castro descende de Lancara", complète Carlos Lopez Sierra, 69 ans, qui a pu passer un peu de temps avec le "Lider maximo". "Comme on dit à Cuba: Lancara c'est le berceau de la révolution", ajoute-t-il avec fierté.
Carlos Lopez assure avoir vu Fidel Castro quitter, les larmes aux yeux, la maison de son père.
Elle existe encore, cette bâtisse, petite, en pierre, avec le toit en pente des habitations de cette région très rurale de Galice, à cinq heures de route de Madrid.
"Il est entré seul (dans la maison) et il en est sorti en séchant ses larmes", témoigne-t-il, installé dans le salon de son auberge décorée avec des images d'illustres visiteurs, dont Fidel Castro, toute proche de la maison du père.
Une cousine de 103 ans
Une discrète plaque apposée sur la modeste habitation presque en ruines, confirme ses propos. On y lit: "Dans cette maison est né en 1875 Angel Castro Argiz galicien qui a émigré à Cuba où il a planté des arbres qui fleurissent encore".
La maison appartient toujours aux Castro et le maire du village avait justement projeté un voyage à Cuba en 2017 pour obtenir qu'ils la cèdent à la municipalité et en faire un musée.
Dans le discours prononcé lors de sa visite, Fidel a affirmé que son père avait toujours souhaité revenir, après avoir émigré comme des milliers d'Espagnols pauvres, si nombreux qu'à Cuba beaucoup d'habitants ont des grands parents espagnols.
Fidel Castro avait d'ailleurs nourri une relation singulière avec le dictateur Francisco Franco (1939-1975), même si tout les opposait idéologiquement, car ils avaient l'un et l'autre des racines en Galice. Au point que selon plusieurs journaux espagnols, Castro avait décrété trois jours de deuil à sa mort. C'est accompagné d'un des anciens ministres de Franco, le galicien Manuel Fraga, qu'il s'était rendu en Galice.
Les habitants de Lancara, où vit encore une cousine de 103 ans, ont pour cela un statut très spécial à Cuba, qui fut colonie de l'Espagne entre 1492 et 1898, raconte Carlos Lopez.
En 2001, il s'y était rendu avec une délégation du village. "Nous avons été traités comme des chefs d'Etat", dit-il. "Fidel est venu nous chercher à l'hôtel à 19h00 et nous y sommes revenus à 6h00 du matin". "Il s'est même mis aux fourneaux" pour cuisiner de la langouste, et "il était là, avec nous, comme un membre de la famille très, très proche".
Manuela, la cousine, a pris la mort de Fidel Castro avec sérénité samedi. Le maire Dario Pineiro lui a rendu visite samedi dans la résidence pour personnes âgées où elle vit. Elle a dit "que Dieu le pardonne", a-t-il raconté à l'AFP.
Dimanche, la vieille cousine en chaise roulante, a observé une minute de silence, une couverture rouge sur les genoux et déposé avec le maire et d'autres villageois une couronne de roses blanches devant la maison familiale.
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