Au lendemain du débat télévisé de l'entre-deux-tours entre Alain Juppé et François Fillon, et à 48 heures du deuxième tour de la primaire de la droite, le chef de l'Etat a décoché quelques flèches en direction de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy.
"Paradoxalement, plus on parle de la République et de ses valeurs plus le besoin se fait sentir d'éclaircir, d'éclairer même son sens", a déclaré le chef de l'Etat lors d'une visite à l'Ecole normale supérieure, dans le cadre du colloque inaugural du Centre européen des études républicaines (CEDRE).
"Non, pour lui donner une définition qui prévaudrait sur toutes les autres et en exclurait certaines", a-t-il poursuivi. "Non pas pour écrire une histoire officielle, un récit national, un roman. J'ai vu que cela pouvait saisir certains. Mais pour en faire la possession exclusive de la nation et pas de telle ou telle famille politique", a ajouté François Hollande, en allusion aux déclarations de François Fillon.
Le candidat de la primaire de la droite, favori avant la tenue du deuxième tour dimanche, avait affirmé que s'il était "élu président de la République", il demanderait "à trois académiciens de s'entourer des meilleurs avis pour réécrire les programmes d'Histoire avec l'idée de les concevoir comme un récit national".
"Je crois que nous avons besoin d'un débat serein, sans malentendu, y compris pour réfléchir sur les nécessaires évolutions", a dit François Hollande vendredi.
Le chef de l'Etat a également épinglé les propositions de référendums de François Fillon, sur les institutions et le traité transatlantique, mais aussi la volonté d'Alain Juppé de gouverner en partie par ordonnances.
"Ce qui était admis, c'est à dire un long cheminement législatif (...) n'est plus supportable aujourd'hui, car tout va plus vite et une forme d'engagement immédiat paraît plus efficace que le temps lourd du débat parlementaire", a dit François Hollande.
"Certains en tirent la conclusion qu'il faudrait bousculer les procédures parlementaires, faire voter les textes par ordonnances et si c'était possible édicter des édits comme autrefois", a-t-il affirmé.
"D'autres vont faire des référendums en considérant que l'appel au peuple pourrait être la meilleure façon de contourner le Parlement alors même que cela exigerait de nombreux débats et que l'usage du référendum commande à la prudence et la retenue", a dit le chef de l'Etat. Il estime qu'avec les référendums, "on ne sait jamais si la question est bonne, mais souvent la réponse ne l'est pas."
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