Un débat "digne". François Fillon affichait une tranquille satisfaction vendredi matin au lendemain d'un débat terne, sans haussement de ton particulier après trois jours de critiques tous azimuts venues d'Alain Juppé, sur son programme économique et social comme sur l'IVG. 8,5 millions de téléspectateurs ont suivi cet échange sur TF1 et France 2, selon Médiamétrie.
Cette séquence, "je pense que c'était à la fos contre productif pour lui-même, contre-productif pour la droite et le centre dans leur ensemble, et surtout tellement caricatural que cela ne pouvait profiter à personne", a jugé M. Fillon qui tient meeting vendredi soir porte de Versailles à Paris.
Mais M. Juppé, qui se produira au même moment à Nancy, n'a en rien désarmé, poursuivant son offensive en se présentant vendredi matin comme un candidat "libéral-social" face à Fillon l'"hyper-libéral". "Je préfère avoir le soutien de François Bayrou plutôt que celui de l'extrême droite", a-t-il également lancé.
Le second tour de la primaire, "tout le monde le sent bien, c'est le premier tour de l'élection présidentielle" et "je pense que je suis mieux placé avec mon programme pour battre Marine Le Pen", a insisté M. Juppé dans une forme d'avertissement aux électeurs.
Il a toutefois assuré vendredi matin qu'il soutiendrait son rival si celui-ci l'emporte dimanche, et même si le centriste François Bayrou décidait de se lancer dans la bataille.
En attendant le dénouement, un certain soulagement est perceptible dans les deux camps. Avec ce débat télévisé, "la droite a gagné vingt-cinq ans en maturité", estime Luc Chatel qui, comme la quasi-totalité des soutiens de Nicolas Sarkozy, a rallié François Fillon.
Côté Juppé, où la virulence du maire de Bordeaux était diversement appréciée, Hervé Mariton a jugé que le débat avait "permis de souligner le caractère opérationnel de son projet". Le débat "peut être de nature à changer la donne", a assuré Virginie Calmels, première adjointe du maire de Bordeaux.
Les réseaux se mobilisent
François Fillon, qui a enregistré 16 points et plus de 650.000 voix d'avance au premier tour, est donné gagnant à 65% contre 35% pour M. Juppé, selon un sondage Ifop-Fiducial publié mercredi.
Le maire de Bordeaux mobilise malgré tout ses réseaux dans cette dernière ligne droite: de nombreux responsables politiques, qui figuraient déjà parmi ses soutiens, mais aussi économiques (Jérôme Clément, Nicolas de Tavernost) ont signé un appel en faveur de sa candidature, disponible sur le site internet du candidat.
Une réponse à la tribune de 215 parlementaires de la droite et du centre qui "déplor[ai]ent", dans Le Figaro de jeudi, les critiques formulées par M. Juppé contre François Fillon. Le président par intérim du parti Laurent Wauquiez avait lui aussi jugé que "la ligne rouge" ait été franchie en cette fin de campagne. M. Wauquiez était présent aux côtés de M. Fillon mardi soir à Lyon.
M. Fillon a reçu le soutien de Nicolas Sarkozy dont il fut cinq ans Premier ministre, sèchement éliminé au premier tour. Bruno Le Maire et Jean-Frédéric Poisson leur ont également apporté leur soutien, tandis que Nathalie Kosciusko-Morizet et Jean-François Copé se sont rangés derrière Alain Juppé.
Une des interrogations du second tour porte sur le niveau de participation, après le record de 4,3 millions de votants établi dimanche dernier (2,6 millions lors du premier tour de la primaire organisée par le PS en 2011). Quid, notamment, des électeurs venus de la gauche qui s'étaient déplacés pour faire barrage à Nicolas Sarkozy ?
Le scrutin (10.228 bureaux de vote) aura lieu dès samedi dans les bureaux de Guadeloupe, Saint-Martin, Saint-Barthélémy, en Guyane, en Martinique, à Saint-Pierre-et-Miquelon et en Polynésie française. Les Français de l'étranger voteront par voie électronique. En métropole le vote sera ouvert dimanche de 08h00 à 19h00.
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